Archives de Catégorie: Anglicismes

Du nesting au Spleen…

spleenEn ce moment je pense à plusieurs expressions à décortiquer par ici – mais je n’en ai guère le temps malheureusement – et me passent sous les yeux des vidéos très inspirantes et truffées d’expressions. Alors au lieu de me creuser le ciboulot toute seule, autant vous apporter sur un plateau le précieux matériel fabriqué par d’autres qui nous montre à quel point le choix des expressions n’est pas neutre et influence notre rapport à la réalité.

Liliane et Catherine, les deux « godiches pipelettes »* du Petit Journal de Canal + nous offrent souvent une bonne brochette d’expressions à travers leurs sketchs hilarants et décalés : la vidéo que je choisis aujourd’hui nous parle de nos emprunts à  l’anglais (le nesting = préférer rester chez soi plutôt que de sortir ou le Spleen baudelairien = broyer du noir, avoir le blues…déprimer quoi !) considéré beaucoup plus glamour que leur version plus longue et morne en français : « vouloir se jeter sous un train », « avoir envie de se flinguer » (=se tirer une balle dans la tête) selon les propres mots de Catherine. Elle mentionne aussi le « burn out », nettement plus intriguant qu’une dépression dont la seule évocation nous ferait fuir…Bref une vidéo-joyau pour comprendre à quel point l’anglais nous semble beaucoup plus attrayant que le français parfois pour décrire une même réalité, si sombre soit-elle. Les Québécois vont râler ! Qu’inventeront-ils pour franciser le « nesting » ??? Canaper ? Nidouiller ? (verbe correspondant à notre « nid douillet » ? 😉 ) On parlait déjà de « home sweet home » pour le plaisir de rentrer chez soi ou de « cocooning » pour le fait de rester tranquillement à se dorloter à la maison…Peut-être que le syndrome français – qui semble atteindre Catherine et moi-même – est de ne pas forcément juger bon de rester trop longtemps chez soi quand on peut aller prendre un pot entre amis dehors ! Je vous laisse avec la vidéo des deux adorables commères dont l’humour est sans doute le meilleur antidote à tout Spleen ou blues hivernal qui guette…

Le nesting selon Liliane et Catherine

Expressions bonus au fil de ce billet :

  • se creuser le ciboulot = réfléchir intensément.
  • servir sur un plateau (d’argent) = livrer tout prêt quelque chose.
  • une godiche = personne maladroite, un peu ridicule.
  • pipelette = extrêmement bavard/e.
  • commère = femme curieuse, indiscrète et bavarde, aimant les potins.

 

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Bleus à l´âme

Note : cet article avait été rédigé avant les événements de Charlie Hebdo. Autant dire que depuis, j´ai un certain blues… Retour de vacances, début d´année (meilleurs voeux à tous !), je reprends du poil de la bête (=de l´énergie) et ma palette de couleurs pour ajouter à ce blog quelques touches de ce qui fut (ce qui est encore ?) ma couleur préférée enfant : le bleu.

affiche du Grand Bleu

affiche du Grand Bleu

Commençons par le plus simple : le grand bleu c´est – un film oui… – mais surtout le sujet de ce film, soit l´océan. Cette infinie étendue de mer bleue reflet de ciels cléments où se perd l´horizon inspire en général la paix et la sérénité mais pourtant le bleu désigne aussi plusieurs formes de mélancolies ou de blessures : « se faire un bleu » d´abord qui est l´expression courante quand on s´est fait un hématome – un « bobo » (bleu dans le meilleur des cas parce que cela vire rapidement au violet, au jaune…moins esthétiques). Et puis, par extension, il y a les bleus à l´âme (= bobos de l´âme) ou, en anglais, le blues :

Bleus à l´âme- Sagan

Bleus à l´âme- Sagan

« il a le blues » (= il broie du noir), « cette maman qui vient d´accoucher souffre du baby blues », « Nothing but the blues », dans le dernier opus du grand Léonard Cohen, ah pardon je m´égare, je n´ai pas pu m´empêcher de le citer !!! Par contre, être fleur bleue, ne veut pas dire être mélancolique mais avoir une tendance au romantisme naïf, un peu rêveur et candide. Se raconter des contes bleus en somme où l´histoire merveilleuse se termine toujours bien ! Dans la lignée des pauvres naïfs dont on se moque ou abuse, on a aussi « se faire avoir comme un bleu » = comme un débutant. D´ailleurs « les

avoir une peur bleue-sur-colorieimmagini.blogspot.com.es

avoir une peur bleue-sur-colorieimmagini.blogspot.com.es

bleus » désignent les débutants, les 6ème du collège par exemple – bon d´accord quand on parle des Bleus de l´équipe de foot, on ne veut pas dire exactement la même chose et on ne les taxe pas de débutants mais c´est une autre histoire ! Les bleus – débutants – peuvent aussi  avoir une peur bleue (=une très très grande peur) si on leur fait une mauvaise blague – jouer leur premier match de foot contre les vrais Bleus par exemple…

Mais le bleu est aussi une couleur de haute volée : avoir du sang bleu signifie être d´origine noble. Apparemment cette expression viendrait d´ailleurs d´Espagne où les Rois, passant leur vie sur le trône à ne rien faire, avait une circulation sanguine tellement mauvaise qu´on voyait leurs veines apparaître et leur donner ce « bleuté » de la peau. « Mademoiselle Duchaussois Delcambre de Champvert, avec un nom pareil, doit bien avoir du sang bleu ! ».

bas-bleus

bas-bleus

Puis il y a l´expression être un bas-bleu, que j´avais découvert adolescente dans les mémoires de Simone de Beauvoir sans comprendre à quoi elle se référait. En fait il s´agit d´une expression assez péjorative désignant une femme intellectuelle, une écrivaine plutôt pédante. Simone de Beauvoir, très auto-critique à ses heures, se référait à elle même jeune adulte comme un bas-bleu. Par opposition à ces hautes sphères intellectuelles ou nobles il y a les cols bleus qui désignent les ouvriers, les distinguant alors des cols blancs, qui sont les employés de bureau. Dans certains cas, on revêt d´ailleurs un bleu de travail pour faire des travaux manuels et salissants. Dans le domaine professionnel également, on connaît les casques bleus, qui désignent les soldats de l´OTAN chargés de maintenir l´ordre et la paix. Ce furent d´ailleurs mes premiers étudiants à Budapest en l´an 2000, des officiers  venus de différents pays de l´est ou d´ex URSS qui apprenaient le français pour participer à des programmes de partenariat pour la paix. Un public assez singulier et intéressant, hommes et femmes qui venaient en classe en uniforme (mais sans leur casque bleu !), extrêmement polis et dont je garde de bons souvenirs, même si la terminologie militaire (dont j´ignorais tout) me faisait horreur. Il faut vraiment être flexible dans ce métier, l´air de rien… casque-bleu Quoi d´autre ? Ah, la cuisine ! Être un vrai cordon-bleu c´est être un excellent cuisinier !  C´est aussi une viande panée qui se mange avec une tranche de jambon et de fromage à l´intérieur. La viande bleue ou le steak bleu, c´est une viande très peu cuite (crue à l´intérieur). À choisir, j´avoue que je préférerais avoir un cordon bleu à la maison plutôt qu´un casque bleu ou un bas-bleu ou encore une fleur bleue ou quelqu´un qui a constamment le blues

Audrey-Bourdin-cordon-bleu

Audrey-Bourdin-cordon-bleu

Mais en fait je n´ai rien de tout ça, donc ça résout le problème. Pour terminer en chanson et en continuant ma petite collection de tubes kitsch mais incontournables de notre répertoire français – en lien avec les couleurs ! – voici « les mots bleus » de Christophe (cliquez sur le titre) 😉 Et, avant tout, bonne année, pleine de joie et de couleurs et sans (trop de) blues – à part celui de Léonard Cohen !

Une pensée forte à tous les Charlies, ceux que l´on a perdus et ceux que nous sommes, dans la liberté de dire, de penser, de dessiner, d’écrire…de s´exprimer.

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L´english au travail…

Photo-Anaïs-K

Photo-Anaïs-K

Cela fait longtemps que je n´ai pas touché au thème des anglicismes – très présents dans la langue parlée dans l´Hexagone*, beaucoup plus que chez nos cousins québécois par exemple qui luttent contre la domination linguistique toute proche de leurs voisins canadiens ou américains. Et il y a un domaine dans lequel l´anglais prolifère, c´est celui du travail – et de l´entreprise plus particulièrement. C´est mon père – sensible lui aussi à la langue et aux expressions – qui me donne l´occasion de cet article en ayant rescapé de « la poubelle jaune » des articles qui l´avaient intéressé et qu´il allait à présent jeter mais pour lesquels il avait cru bon (et à raison !) de les faire passer par la Catalogne avant qu´ils ne soient définitivement recyclés. Merci papa 😉 Parmi ces articles, l´un d´eux « Ces expressions insupportables du jargon du bureau » signé par Adèle Bréau, m´a beaucoup amusée. J´en sélectionne ici les « perles » empruntées à l´anglais et que les workalcoholics (=bourreaux du travail) doivent bien connaître. D´abord le « brainstorming », toujours à la mode, pour faire bouillir nos neurones et trouver des idées géniales et innovantes. Vous remarquerez que les profs de français lui préfèrent le célèbre « remue-méninges » lorsqu´un nouveau thème est abordé.  Mais en entreprise – surtout si c´est une multinationale, on travaille en « workshop » (= « boutique de travail » ?) – terme chic pour parler d´interminables réunions où il faudra fixer la deadline (délai maximum) sur le prochain projet ou ses next steps (prochaines étapes) qu´il faudra peut-être expliquer via conf’call’ (conférence skype par exemple) aux partenaires étrangers. Expliquer ? Pardon, je voulais dire updater, les mettre au jus, enfin au courant*, quoi ! On peut aussi élaborer un petit rétro-planning (rien de très « rétro » dans cette façon de parler de toutes les choses à accomplir avant la deadline déjà mentionnée) et shooter tout ça dans un mail (= envoyer le tout dans un courriel, je sais je devrais arrêter de traduire bêtement ce que vous comprenez parfaitement mais voyez-vous, j´ai quelques amis québécois que je ne voudrais pas offenser ;-)…). C´est violent, le monde de l´entreprise. Imaginez que vos profs commencent à vous shooter de la règle de grammaire comme ça sans prévenir !!! (déjà qu´elles peuvent faire mal même en les abordant de façon douce et progressive…).

Dessin de Côté-sur-tbearbourges.com

Dessin de Côté-sur-tbearbourges.com

Autre phénomène amusant, la traduction littérale de l´anglais, qui donne des expressions sans queue ni tête (= absurdes) en français mais qui font bien « branchouille » (=branchées, à la mode) et dont on oublie même qu´elles n´existent absolument pas dans notre langue, au départ. Par exemple : « ce wording est un peu confusant, tu ne crois pas ?  » (??? confusing = qui complique les choses ou le joli « déroutant » mais « confusant », euh, je ne crois pas non !) ou le plus répandu « ça fait sens » = it makes sense. Oui, en anglais, ça marche mais en français, comment dire, ça fait cool mais sens, je ne sais pas ! Enfin, avec tout ça, nos lecteurs étrangers apprenant le français seront peut-être rassurés : en faisant leur petite tambouille (=plat mijoté, « petite cuisine ») avec trois mots de français, deux d´anglais et un autre venu d´ailleurs (catalan, castillan, chinois…), la conversation peut quand-même s´engager, des phrases entières peuvent même faire sens ! Et ça, franchement, c´est quand-même sacrément win-win !!! 🙂

A part tout ça, joyeuses Pâques à tous !

 

Expressions ou mots bonus : 

* L´Hexagone = la France (selon la forme du pays. Quand j´avais 6 ans j´avais beaucoup de mal à saisir la ressemblance mais bon…)

* mettre au jus, mettre au courant quelqu´un = l´informer, lui donner des nouvelles.

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C´est un scoop !

Voici un mot tout droit venu de l´anglais et que l´on utilise beaucoup en français pour parler d´une nouvelle exclusive, de haute importance (et pas seulement dans le domaine des médias) :

c´est un scoop !

 

– Tu ne sais pas la dernière ? Ce vieux célibataire endurci se marie !!! – Waouh, quel scoop ! Avec qui ???

Le mot me vient à l´esprit car je viens de m´apercevoir à travers les derniers commentaires qui m´arrivent (qui en fait n´en sont pas vraiment mais apparemment je dois cliquer sur « j´approuve » quand-même), que francofiLs est assez souvent « scoopé » dernièrement ; bon, bon, n´allons pas jusqu´à dire que le blog  fait la Une* des journaux hein, mais il est cité sur quelques sites de « scoop-it » pour les étudiants ou les profs. Et ça fait toujours plaisir, il faut bien l´avouer…;-)

D´ailleurs, à bien y réfléchir, les Français utilisent plutôt l´expression à la forme négative : Oui, bah ça c´est pas un scoop = ce n´est pas nouveau, c´est un fait connu ou une idée largement débattue. Et pourquoi à la forme négative à votre avis ??? Vous pouvez méditer sur cette question mais moi j´ai ma petite idée : les Français ont l´esprit de contradiction, voilà tout ! (et même s´ils aiment utiliser des mots anglais, il faut bien qu´ils les retournent dans tous les sens et les disent à l´envers par exemple, histoire d´apporter leur « french touch ». Après tout, nos amis Britanniques conduisent bien à gauche…).

Bon et le scoop là, c´est quoi ? C´est que j´ai réussi à faire court cette fois, ah ah 🙂 !

Expression bonus : 

* faire la Une = être en première page du journal. Nouvelle de grande importance et de large diffusion.

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Franglais : être « in » ou « has been »

à-Noël-il-faut-être-branché-dessin-Escapula

à-Noël-il-faut-être-branché-dessin-Escapula

Depuis le célèbre « to be or not to be » de Shakespeare, on en a inventé des variantes…Aujourd´hui, je vous pose cette question : vous considérez-vous plutôt « in » or « has been » ? En d´autres termes : Faut-il être « in » or not to be « in » ? Je vous entends maugréer : mais qu´est-ce qu´elle raconte ce matin ??? Je décrypte : en français – ou plus exactement en franglais – quand on veut parler d´une personne branchée (=à la mode et au courant de toutes les dernières nouveautés, technologiques notamment), on peut dire de cette personne qu´elle est « in » : « Waouh tu as le dernier téléphone portable avec toutes les applications et qui fait à la fois appareil photo, caméra, Wadsapp, What´s up ? What else ??? T´es trop « in » toi ! » (personnellement, j´attends avec impatience le téléphone qui fasse aussi douche de voyage et sèche-cheveux par exemple :-)…car côté high-tech, je dois avouer que je suis assez « out » et « has been », c´est-à-dire pas du tout « in » ni moderne : mon téléphone ne fait que téléphone et rien d´autre. Du reste, je trouve ça parfait !).

 

has-beenRevenons à nos anglicismes et changeons de registre, parlons mode directement (vestimentaire) : quand une personne n´est pas « dans le vent », pas du tout branchée, on peut dire : « Oh là là, tu as vu comment elle s´habille ? Elle est complètement « has been » ! » = passée de mode, quoi ! En langage familier, on pourrait remplacer par « ringard(e) » . D´ailleurs ce qui est drôle dans l´expression « has been », c´est que je me demande si elle n´est pas justement devenue « has been » (car je ne suis pas très sûre qu´on l´utilise encore beaucoup, c´était peut-être seulement une mode langagière à un moment donné. À vérifier…tout commentaire à ce sujet est bienvenu !). D´ailleurs initialement un « has been » désignait plus particulièrement les célébrités qui avaient connu une gloire passagère et étaient tombées aux oubliettes : pensez aux vedettes des années 80 par exemple et vous aurez votre collection d´has been !

Quand on est « out » c´est un peu différent : là vous êtes complètement « hors de fonction », ou hors de tout état de fonctionner normalement. « Non non non, ne lui pose pas la question à lui, il est complètement out, il va te répondre n´importe quoi ! ». Si vous tenez à le dire en français : il est complètement à l´ouest ! Vous êtes alors dans un état anormal de fatigue ou d´inattention, vous êtes sur une autre planète, voire un peu dérangé (= un peu fou).out

Bref, quand vous êtes out, vous n´êtes pas très loin du « burn out » (professionnel, maternel, sportif…) alors faites attention ! On aime bien en effet utiliser le terme anglais pour décrire cet état d´épuisement total, de fatigue paralysante et de surmenage. N´allez pas croire pour autant que les Français ne connaissent ni le stress ni la fatigue et vivent dans un épicurisme permanent, cela serait trop beau…! Mais bon, sachez qu´on peut frôler le burn out quand on est vraiment très in car toutes ces nouvelles technologies, ces modes passagères, ces trucs et ces machins….avouez que ça nous épuise !

burn out

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Des fringues, des fripes et des frocs…

blog-fildelene-troc-des-fringues

Voilà, la neige est arrivée dans les Pyrénées ! (celui qui me lit depuis Rio de Janeiro rigole doucement, je l´entends d´ici…). Noël approche, il faut mettre une petite laine (= sortir ses pulls, se couvrir), des gants, des écharpes et des bonnets, voire des cache-nez, pour ne pas attraper froid. Bref c´est l´occasion d´un post sur  les fringues (fam) = les vêtements, et de sortir de ma « grève par le zèle » (ça s´est éternisé vous avez remarqué ?). Ça tombe bien, on est en plein dedans (les fringues, pas la grève) avec les 2ème années et mon amie Mélanie – qui doit aussi plancher là-dessus avec ses étudiants – me demandait si FrancofiLs avait déjà abordé le sujet. Et bien non en fait, à part une allusion sur les formules de fin d´année où apparaît l´expression se mettre sur son 31 = s´habiller chic pour une soirée dans cet article (où vous pourrez découvrir pourquoi « 31 » ? https://francofils.wordpress.com/tag/formules-2/). Bon mais il y a de quoi faire sur le sujet donc  voici quelques pistes avec comme entrées : un proverbe, les registres, quelques anglicismes et enfin les expressions :

 * Commençons par un proverbe qui guidera tout le reste :

                                                               L´habit ne fait pas le moine

 = Il ne faut pas se fier aux apparences.

*Et puis, les registres pour voir comment parler de ces morceaux de tissus qu´on doit se mettre chaque matin afin de ne pas sortir dans la rue nu comme un vers :

nu-comme-un-vers-dide-midilibre

1. registre soutenu :

« Voici vos effets, madame Saperlipopette. Vos souliers sont esquintés »

2. Registre standard :

« Voici vos vêtements / vos habits, Madame. Vos chaussures sont abîmées »

3. Registre familier :

V´là vos fringues / vos fripes / vos sapes, m´dam. Vos pompes/grolles/godasses sont destroy ! »

Dans le registre familier, on a aussi  « un fute » ou « un froc »  pour le pantalon, ce dernier se déclinant en locutions verbales du type « prendre ou quitter le froc » (=prendre ou quitter l´habit monacal) ou plus simplement le verbe « se défroquer »  (=enlever son pantalon) mais ne vous aventurez pas à lui enlever son préfixe à ce froc-là pour inventer l´expression « je me froque » par exemple, car jusqu´à présent on n´a jamais entendu cette version-là (mais dans la langue, tout arrive !). Le mot « costume », lui, peut être affublé du suffixe « ard » pour se transformer en « costard » (ex : « il faut bien se saper ce soir, c´est soirée costard-cravate ! »).

* Pour les anglicismes, on est servis : je ne comprends d´ailleurs pas pourquoi le français a adopté tant de mots anglais pour parler fripes (t-shirt, pull, top, baskets, sweat etc), à croire qu´on n´avait rien à se mettre sur le dos  de production locale !!! (ça casse le mythe de France = la mode !). Voici un petit clin d´oeil humoristique à une fashion victim écolo :

fashion-victim

* Du côté des expressions maintenant, une petite sélection :

ChapeauBas

– chapeau bas / tirer son chapeau à qqn = le féliciter, lui marquer son admiration.

– se prendre une veste = subir un échec, en particulier dans le domaine de la séduction.

Teottin-undJeunesse_doreeJWely1900

Un coureur de jupons (= Don Juan, séducteur forcené) doit parfois se prendre des vestes mais cela ne le décourage pas !

faire la manche = mendier.  / « retrousser ses manches » = se mettre au travail.

se faire tailler un short ou tailler un short à quelqu´un = passer en voiture si près d´une personne qu´on lui coupe presque une partie de son pantalon. Par extension, porter atteinte à l´intégrité physique de quelqu´un.

– c´est sa femme qui porte la culotte = c´est la femme qui prend les décisions, a un rôle autoritaire/dominateur dans le couple. Voici une expression intéressante à la fois au niveau de la langue et de la culture. En effet, culturellement elle est assez significative : apparue au XVIIIème siècle, elle est fondée sur le schéma traditionnel en vigueur à cette époque où l´homme devait être le seul détenteur de l´autorité et la femme n´avait qu´à obéir. Que sa femme porte la culotte était donc une inversion des rôles portant atteinte à la domination masculine. Au niveau de la langue, cela nous rappelle que la « culotte » désignait à l´origine le pantalon (pensons aux sans-culottes de la Révolution) : depuis, cette « culotte »-là n´est plus en usage (ou alors elle s´est fait sacrément taillé un short !) et désigne le sous-vêtement…féminin ! Donc oui, ce sont bien les femmes qui portent la (petite) culotte aujourd´hui – au sens littéral en tout cas – ce qui est peut-être un signe que la société évolue au pas de la langue 😉

Allez ça suffit pour aujourd´hui, vous êtes exténués et moi aussi, je prends mes cliques et mes claques (=prendre ses affaires, ses vêtements) et je vais m´en jeter un derrière la cravate ! (=aller boire un verre), ah bah oui que voulez-vous, la neige, le froid, les hivers rudes des montagnes, il faut bien se réchauffer !!!

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Gotlib: stéréotype et franglais

Voici une bonne manière de découvrir la façon dont les Français parlent anglais (ou plus exactement « l´étranger ») :

Gotlib

Gotlib

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Un vrai gentleman…

Je reviens avec un anglicisme et abandonne les incursions en politique (ce blog est clairement apolitique du reste mais il y a certains extrémismes qui nous font sortir de nos gonds*) pour me livrer à un autre sujet qui fait beaucoup couler d´encre* : le foot ! Et alors là j´entends déjà s´exclamer certain(e)s de ceux ou celles qui me connaissent « Elle s´intéresse au foot maintenant ??? »

Et bien non. Ou plutôt si. Enfin oui et non, je vais essayer de m´expliquer. Le foot me laisse plutôt indifférente mais une personne a réussi ces dernières années à me faire presque apprécier les multiples parties qu´il fallait parfois voir à tout prix car c´était ici en Catalogne « d´ordre majeur ». Il en tenait presque – pour moi – de l´intégration sociale, de l´avenir biculturel de mon enfant, de la paix des ménages (même si jusque là mon compagnon n´était pas à proprement parler un fan de foot mais…). Heureusement pour moi, cet homme était beau, élégant et – surtout – l´incarnation remarquable de l´intelligence émotionnelle. Cet homme, vous l´aurez certainement reconnu, c´est lui :

photo Pep Guardiola "Sport magazine"

photo Pep Guardiola « Sport magazine »

Préférant les images aux photos sur ce blog, j´ai tenté de trouver une caricature mais il est tellement mieux en vrai…Un tel gentleman ne souffre pas la caricature. Donc il vient de dire au-revoir, laissant un vide derrière lui, me libérant par la même occasion de soirées de foot (d´ailleurs s´il m´a fait « aimer » le foot en quelque sorte, je n´ai pas progressé d´un pouce en vocabulaire du ballon rond !!!) mais son départ me donne envie de saluer cette belle leçon d´humanité, d´assertivité et de noblesse qu´il nous a offerte les quatre dernières années. Ciao Pep et bon vent ! Dans le sens bien entendu de « Bon voyage, bonne route, au-revoir ! ». Et merci 😉

Les expressions (car vous l´aurez bien compris, c´est de ça dont il s´agissait, avant de parler foot !) :

« ça me fait sortir de mes gonds » = ça me met très en colère.

« faire couler beaucoup d´encre » = provoquer de nombreux commentaires.

Sur l´expression « Bon vent ! » elle a un double sens, selon le ton sur lequel on l´emploie. « Bon voyage, bonne route ! » comme ici pour le sens positif ou, pour sa version négative diamètralement opposée, « Va t´en, casse-toi ! ». D´où l´importance du ton et de l´intonation dans l´expression…;-)

 

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Quand le français flirte avec l´anglais…

Me revoici donc pour parler de ces mots anglais que les Français affectionnent. Ce ne sera qu´un aperçu car la liste est longue ! Un grand merci à Ivan, qui enseigne l’anglais et n’en est pas moins un fin connaisseur de la langue française, qui a fait une belle introduction pour ce thème : c´est cool ! Premier mot phare qu´on utilise très souvent et depuis longtemps ! Non pas pour dire que « c´est frais » mais pour dire « c´est bien, c´est chouette ! ». Ça concerne aussi les personnes « Ce mec, il est trop cool, j´adore ! » ou mieux « je kiffe » mais alors là on s´éloigne du sujet car ça c´est emprunté à l´arabe ! Dans les « petits mots » on utilise aussi : « c´est top ! » (toujours pour dire « c´est génial ») ou « et le must du truc, c´est… » (le « mieux » quoi !), sans compter « Bye ! » (mais on préfère l´italien Ciao en général)

Les Français parlent plus facilement de leurs mails que de leurs courriels, contrairement à leurs cousins Québécois assez titilleux sur la « pureté » de la langue : « j´suis surbookée, j’ai pas le temps de répondre à mes mails ! Faut que je fasse un break là ! » Dans le domaine informatique les mots anglais abondent et au lieu de traduire, les Français préfèrent dire le mot tel quel mais avec un accent français à couper au couteau : « tu me forward son mail, please ?? » (à prononcer : [foRouaRde] !!!). Personne n´a jamais eu l´idée non plus de traduire la « playstation » (« la station de jeu » ??? 🙂 ) ni game over

Il en est de même pour le sport : tennis, foot, handball, volleyball…le « ball » étant prononcé au mieux [bowl] et au pire comme « balle », le « a » bien ouvert ! Ça c´est surtout pour la génération des parents qui n´ont pas toujours appris l´anglais et qui vous proposent, quand vous êtes ado, de vous acheter du « sept Üp » (le « u » très très fermé à la française), avant que vous compreniez qu´il s´agit de la boisson « Seven up » [eup] !

Je m´arrête là aujourd´hui, on aura l´occasion de reparler de ce business des langues, des gens du showbiz qui vont dans les coktails ou font des brunchs et des anonymes qu´on « googlise » sur la toile (sur le web, allez ok !).

J´aime parler des anglicismes, notamment avec les étudiants qui commencent le français pour les rassurer : « Vous savez parler anglais ? – Oui !!! – Alors, vous savez déjà environ 1500 à 2000 mots français ! » Et, de même quand on parle anglais, il faut savoir qu´on parle parfois un vieux français transformé en anglais : le mot « flirter » par exemple (utilisé exprès dans le titre de ce post) vient du français de nos cours royales lorsque les galants passaient leurs journées à « conter fleurette » à ces dames…Les anglais, séduits par ces frenchies frivoles, l´ont ramené chez eux et ne réussissant probablement pas à prononcer tant de syllabes, ont raccourci l´expression pour arriver au mot « flirt »  qui a retraversé la Manche des décennies plus tard pour être de nouveau adopté tel quel par les Français !!! Qui prétend encore que les Français et les Anglais ne s´aiment pas ??? « Pour un flirt avec toi, je ferai n´importe quoi !!! » (chanson des années 80, cf youtÜbe !!!)

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Je croyais que vous aviez tous filé à l’anglaise!

Aujourd’hui quand j’ai lu le dernier post de Guénola j’ai été heureux comme un roi ! Je croyais que tout le monde avait filé à l’anglaise ! Mais je m’étais trompé, le blog continue à être en vie !

J’ai vu qu’on allait parler des anglicismes, cela m’intéresse beaucoup. Donc que je vais affronter ce nouvel challenge bénévolement ! En plus, cela me semble génial qu’on aie l’opportunité de discuter des anglicismes avec des personnes francophones.

Je profite pour introduire le sujet des anglicismes. Le terme « challenge » provient de l’anglais. La langue française a déjà des mots pour parler de ce mot, par exemple : gageure, défi ou tâche.  « Opportunité » l’est aussi. En français on pourrait dire : cela me semble génial qu’on aie la chance ou l’occasion (en or) de pouvoir discuter des anglicismes avec des personnes francophones.

On meurt d’envie de lire ton post Guénola !

À très bientôt !!

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