Archives de Tag: expressions imagées

Courir comme un dératé

Image sur le site de « La France pittoresque »

Hier, lors d’une séance d’acupuncture avec un ami, nous parlions du rôle de la rate dans l’organisme et sa place en médecine chinoise. Je dois confesser que je m’emmêle un peu les pinceaux* concernant les organes et me demandait où situer la rate par rapport au pancréas, si leurs fonctions étaient similaires…Me venait surtout à l’esprit la chanson « J’ai la rate qui se dilate…. » de Gaston Ouvrard (« Je ne suis pas bien portant »). L’ami m’expliqua que la rate était liée au coeur et jouait un rôle majeur dans notre résistance à l’effort quand on court et à la sensation de « point de côté ». Il m’apprit également que les Grecs retiraient la rate afin que les athlètes soient les plus performants et ne souffrent pas de cette gêne, d’où l’expression « courir comme un dératé ». Vous l’aurez compris, quand on court comme un dératé (dégagé ainsi de cette rate embêtante qui nous ramène à notre petite condition d’humain pouvant s’essouffler), on court très vite et sans gêne.

En réalité, après une petite recherche concernant l’expression, apparemment ce ne sont pas les Grecs qui enlevaient la rate – ils préparaient par contre des breuvages ou décoctions pour la « contrôler » et éviter les points de côté – mais des médecins qui recommandaient cette opération au XVIème siècle après avoir constaté que les chiens pouvaient très bien vivre sans rate. Cependant, si l’on cherche un peu plus précisément les fonctions de cet organe, il semble primordial pour notre immunité.

Conclusion, je ne vous recommande pas de vous faire dérater, même si vous prétendez courir comme un lièvre ! 🙂 Et n’imaginez pas qu’en gardant votre rate, vous serez un « raté » pour autant !

Expression bonus :

s’emmêler les pinceaux = tout mélanger ou confondre.

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Se faire sonner les cloches

Pâques est passée – bizarrement cette année certes – et une expression autour des cloches m’est naturellement venue en tête : « Se faire sonner les cloches ».

Bon, si vous vous faites sonner les cloches, ce n’est pas une bonne nouvelle : ne vous attendez pas au lapin qui vient vous chuchoter à l’oreille que vous pouvez aller courir dans le jardin pour chercher les oeufs en chocolat de Pâques. Non. Se faire sonner les cloches, c’est se faire remonter les bretelles, se faire gronder. Passer un mauvais quart d’heure, en somme. Ma propension à vous expliquer une expression idiomatique par une autre expression idiomatique n’est peut-être pas une stratégie des plus pédagogiques, me dis-je….

sonner-les-cloches-2Apparemment, l’expression daterait du XVIIème siècle et renverrait au symbole de puissance sonore d’une cloche et son écho impressionnant : le sermon fait n’est ainsi pas prêt d’être oublié. On vous a réprimandé pour de bon ! En d’autres termes – et toujours dans le souci d’enrichir vos expressions – on vous a passé un bon savon !

Écoutez ce petit podcast de RFI sur l’expression, les explications des enfants sont succulentes ! Je viens aussi de me rendre compte – l’amnésie me guette ! – que j’avais couvert cette expression sur ce post, avec d’autres autour des cloches, alors prenez cet article comme une révision !

Eh bien, voici peut-être un avantage du confinement, un peu moins d’occasions de contact social et du risque de se faire sonner les cloches par une « grosse cloche » ! 😉

Expressions en bonus :

se faire passer un savon / se faire remonter les bretelles = se faire sonner les cloches = être réprimandé, grondé.

Passer un mauvais quart d’heure = passer un mauvais moment.

une grosse cloche ou être cloche = un/e idiot/e.

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Prendre son mal en patience

En plein confinement et apprenant ce matin que cela durera 15 jours de plus minimum (3 semaines devant nous donc au bas mot !), cette expression me vient naturellement à l’esprit. On associe ici une vertu – la patience – à un mal : le confinement, mais au-delà du confinement, le mal c’est surtout ce virus qui terrorise le monde et nous terre chez nous, perplexes et inquiets.

« Prendre son mal en patience », c’est supporter sa peine – ou toute situation désagréable – avec résignation…Résignation et sagesse car il nous en faut en ce moment ! L’expression existerait depuis le XIIème siècle, ça fait un bail* donc !

long-comme-un-jour

J’ajouterai à cette expression cette autre : « Long comme un jour sans pain ». Celle-ci remonte à la moitié du XVIIème siècle mais c’est au XVIIIème qu’elle prend son sens figuré et décrit le terrible ennui lié aux longues journées sans rien faire d’autre que d’attendre – un morceau de pain pour certains, l’aliment de base, et seulement attendre pour d’autres, quand on a du pain sous la main.

Bien, j’espère que vous avez assez de ressources en vous et d’idées pour passer ces longues journées de confinement. Quant à moi, cela me permettra peut-être de mettre un peu à jour ce blog qui hiberne un peu, « un mal pour un bien » donc ! 🙂

Expressions bonus :

  • Ça fait un bail = ça fait longtemps.
  • Un mal pour un bien = une chose négative en apporte une bonne.

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Avoir un poil dans la main

L’expression est apparue l’autre jour en classe et ne peut manquer à ce blog. On pourrait même croire, au vu du peu d’entrées éditées dernièrement, que j’ai moi-même un poil dans la main mais il n’en est rien, j’avais plutôt au contraire beaucoup de pain sur la planche et peu de temps à dédier aux « extras ».

Mais alors, que veut dire avoir un poil dans la main ? Cela décrit une personne très très paresseuse, qui ne veut rien faire. L’expression est datée du début du XIXème siècle lorsque les travaux étaient encore principalement manuels et on peut supposer qu’une personne qui échappait à toute tâche pouvait se voir affublé de tares physiques inattendues comme un poil dans la main…Mais à vrai dire l’origine et l’explication de l’expression n’est pas certaine. Aujourd’hui, les paresseux ayant souvent un outil technologique dans les mains (portable, tablette…), le poil ne grandirait peut-être plus aussi facilement au creux de la paume…

Vous saurez en tout cas que si on vous dit que vous avez un poil dans la main, cela signifie que vous êtes un fainéant, un glandeur ou un tire-au-flanc…Bref, pas vraiment des compliments !

avoir-un-poil-dans-la-main

Dessin de Zelda Zonk pour TV5monde

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Jouer sur plusieurs tableaux

Aujourd’hui, trois expressions « voisines » :

  • Quelqu’un qui joue sur plusieurs tableaux est une personne qui n’est pas loyale et qui essaie de profiter de plusieurs situations en même temps pour arriver à ses fins, quelque soit les moyens – souvent cette personne agit et « pose ses pions » même si les positions semblent adverses voire incompatibles. Bref c’est quelqu’un qui n’est pas franc ni honnête. Et souvent, son « manège » finit par être découvert.
  • Ce qui me mène à la 2ème expression, « courir deux lièvres à la fois ». Expression venue de la chasse qui décrit le projet de quelqu’un qui, voulant abattre deux – ou plusieurs – lièvres à la fois, risque surtout de rater son coup et n’en attraper aucun. L’expression s’est étendue à d’autres domaines, notamment au domaine amoureux pour parler d’une personne qui essaie de séduire deux prétendant(e)s à la fois et échoue lamentablement…car quand on ne sait pas choisir, il y a des chances que les personnes visées s’en rendent compte et finissent par fuir et douter sérieusement de la sincérité du « chasseur ».

lièvre

  • Finalement le proverbe « Qui trop embrasse mal étreint » ferme ce cercle d’expressions. Lorsqu’on entreprend trop de choses à la fois, on ne réussit rien…Dommage 😦

On m’a dit il y a peu une expression en catalan qui m’a intriguée ; en se référant à une personne que les deux connaissions, cette interlocutrice m’a dit « Bé, saps, ell te molts cops amagats ! ». Je n’ai pas encore percé le sens exact de l’expression, mais je me suis demandé si cette personne qui avait « des coups cachés » ne le faisait pas justement parce qu’elle jouait sur plusieurs tableaux…Et je dois avouer que si c’est bien cela…ça m’a déçue ! Même si c’est toujours celui qui fait des coups bas qui finit toujours par y perdre et devrait s’en mordre les doigts

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Ça commence à me courir sur le haricot…

courir-haricot-image-de-Dide

dessin de Dide

Cela fait un moment que je veux présenter cette expression sur FrancofiLs. Et, en vérifiant son origine, je comprends qu’elle ne me revient peut-être pas par hasard et fait écho à l’actualité la plus brûlante.

Avant d’en déterminer le contexte, expliquons le sens de cette drôle d’expression. Ça commence à me courir sur le haricot = ça commence à m’énerver, à m’agacer profondément, voire à m’exaspérer.

Pourquoi « courir » et pourquoi « haricot » ? Dès le XVIème siècle, le verbe « courir » dans son emploi populaire et transitif (courir quelqu’un) signifiait l’importuner. Au XIXème siècle, le verbe « haricoter » avait à peu près le même sens, dans un cadre davantage commercial, « chipoter pour rien en affaires », et donc exaspérer son interlocuteur. On trouve également le mot argotique de « haricot » pour « orteil » et donc si quelqu’un vous écrase l’orteil, forcément ça vous agace…

Et qu’est-ce qui commence à me courir sur le haricot et me propulse vers l’actualité, me demanderez-vous ? Et bien ce même mot d’ « importuner » auquel l’expression nous renvoie et qui résonne de bien triste manière dernièrement. Il y a quelques jours, une centaine de femmes ont signé dans Le Monde une tribune pour revendiquer, je cite, « le droit des hommes à importuner les femmes ». Je ne reviendrais pas en long en large et en travers sur toute cette affaire ni donnerais en détails mon opinion sur le sujet – ce n’est pas l’objet de ce blog. Il suffit juste de dire que cela fait suite à la campagne #balance-ton-porc# ou #me-too#  qui avait permis il y a quelques mois de libérer la parole des femmes victimes de violences sexuelles ou de harcèlements. Même si on pouvait lamenter quelques écueils de cette campagne ou être circonspect sur la terminologie porcine choisie, il n’en reste pas moins que les femmes victimes n’avaient pas besoin que d’autres  congénères se mettent à défendre un système patriarcal bien huilé où se faire draguer lourdement ne devrait être considéré que comme « le droit des hommes à importuner », sans plus…Certes, certaines ont peut-être tout mélangé et dans la déferlante des réseaux sociaux ont mis dans le même paquet le viol le plus sordide à l’attouchement maladroit et tristement banal qui ne traumatise pas à vie certaines demoiselles. Il n’en demeure pas moins que ces femmes-là ont le droit de vivre l’événement comme également choquant et traumatisant et que ça semble vraiment déplacé de la part de ces 100 femmes de leur retirer déjà la parole et de minimiser encore leurs dires – ou de banaliser ce qui ne l’est pas car pourquoi les femmes ne se frottent-elles pas contre les hommes dans le métro, elles ? N’y a t-il pas là du déterminisme social et le rôle de l’éducation ?

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que s’il y a bien quelque chose qui nous court sur le haricot depuis des lustres, c’est ce sexisme ordinaire qui ne fait pas vraiment avancer la société ! Donc les 100 meufs là, tournez sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler s’il-vous-plait, les femmes et les hommes – non porcs – s’en porteront bien mieux !

courir-haricot-2

par theintrepidguide

Bonus :

  • meufs = verlan de « femmes »
  • Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler = réfléchir avant de parler.

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« Le français, langue animale ». Hommage à Jean d’Ormesson.

Jean-d'OrmessonCette semaine, l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson est mort. Oui, je sais, le lendemain, c’était au tour de Johnny Hallyday de pousser son dernier soupir. Mais s’il serait intéressant de se pencher sur la syntaxe pour le moins peu orthodoxe du rockeur « idole-des-jeunes-(devenus-vieux) » – en particulier avec son fameux « Que je t’aime », je crois que FrancofiLs aura un peu plus d’affinités linguistiques avec le fin lettré au regard bleu pétillant. Et en cherchant un peu, je suis tombée sur LE texte qui doit figurer ici ! Il s’agit d’un délectable jeu sur la langue intégrant une belle panoplie de nos expressions imagées liées aux animaux : vous le trouverez ici et j’encourage tous les francophiles (et les étudiants de mes collègues ayant des niveaux B2-C1) à se prêter au jeu de la retranscription de ce texte en « langage standard ». Vous verrez, vous apprendrez plein d’expressions (et moi je peux me déclarer en vacances de blog un an, ah ah !).

J’ai aussi vu cette petite vidéo où il rend hommage à la langue française : Jean d’Ormesson célèbre la langue française. Comme ça, pour ceux qui ne connaissaient pas du tout l’intellectuel, vous en aurez un aperçu…Ses choix politiques ne me plaisaient pas du tout mais, outre cela, on peut saluer le fait qu’il ait fait entrer la première femme à l’Académie Française : Marguerite Yourcenar. Ce n’était pas par idéologie féministe mais par sincère admiration pour l’écrivaine. L’Académie, temple des Lettres jusqu’alors uniquement réservé aux hommes, lui doit cette petite révolution…

Bon, et puis allez, d’accord, je vous la laisse aussi la chanson de Johnny car il ne faut pas être élitiste et il y a bien aussi quelques expressions « animales » à repérer au coeur des paroles (et au comble de l’érotisme !). Il en existe une version de Camille qui, personnellement, me séduit un peu plus mais les goûts et les couleurs, vous savez…

J’espère que les morts ne vont pas se retourner dans leurs tombes pour les avoir ainsi mêlés dans un même post. En même temps, ils n’avaient qu’à pas passer l’arme à gauche à deux jours d’intervalle non plus…Jean d’Ormesson, nonagénaire, ironisait lors d’un entretien télévisé sur le fait de mourir juste avant ou après une autre célébrité. Et bien, s’il avait su que le sort lui réservait la contemporanéité du deuil avec celui qui « allumait le feu », je crois qu’il n’aurait pas su si rire ou pleurer ! (mais je pense qu’il aurait ri…) Quoiqu’il en soit, les chanteurs, les écrivains, nous laissent toujours des milliers de mots pour se souvenir d’eux. Et je les remercie car ce soir, c’est eux qui ont fait ce post en réalité ! 🙂

Expressions bonus :

  • Les goûts et les couleurs…(ou : des goûts et des couleurs, on ne discute pas) = nous sommes tous différents et avons des goûts divers, il faut faire avec.
  • se retourner dans sa tombe = se dit quand une personne décédée aurait été très choquée par une situation.
  • passer l’arme à gauche = décéder, mourir.

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C’est la Bérézina !

Je viens de quitter un lieu auquel je suis fidèle depuis mes 17 ans, un village au creux de douces collines. C’est un lieu fondateur pour moi, un écrin de verdure où réside – et ou converge car tous n’y vivent pas – une bonne flopée d’amis, liés entre autres par l’activité d’une association, « Les Nouveaux Troubadours », faisant vivre la culture et l’art en milieu rural. Expositions, musée d’Arts Buissonniers, construction insolite, théâtre, musique, conférences, cirque, marionnettes, littérature…colos et chantiers, tout y est (et j’en oublie) ! J’y ai atterri par hasard comme bénévole sur le chantier un été, puis y suis devenue animatrice puis directrice de camps itinérants quelques années et, de fil en aiguille, je n’ai plus cesser d’y aller et retourner, encore et encore. Un endroit captivant. Ne vous méprenez pas, je ne compte pas transformer ce blog d’expressions en http://www.jeracontemavie.com ou en tranche de pub pour mes amis mais je l’évoque ici comme introduction à ce post sur l’expression « C’est la Bérézina ! » car dans ce village hors du commun, ces personnes que j’affectionne particulièrement ont monté une fanfare, il y a quelques années, et l’ont nommée… »La Bérézina ». Les ayant vu jouer pour les 30 ans de l’association, il y a une semaine, m’est donc venue l’envie d’expliquer ici l’origine de cette drôle d’expression que nous utilisons souvent.

Bérézina – « Oui mais quand ? » s’exclament les curieux qui n’ont pas toutes les dates historiques en tête et ne connaissent pas cette référence – française il faut bien l’admettre. Quand on dit « C’est la Bérézina ! », c’est que tout va mal. C’est le chaos, le désastre, la catastrophe. Les conséquences seront à la hauteur de la débâcle. – « Oh, mais pourquoi ? », demandez-vous encore ! (vous avez vu, j’aime bien faire les voix off…;-)). Cela est lié à Napoléon et à ses invasions européennes. Au printemps 1812, Napoléon Ier lance en effet sa grande Armée à l’assaut de la Russie. Les 500 000 hommes encerclent l’armée russe après avoir franchi le Niémen. Le tsar, conscient de ne pouvoir vaincre l’empereur lors de ces combats décide de pratiquer la tactique de la terre brûlée : Moscou est en flammes lorsque les hommes y arrivent en septembre, et il n’y a donc pas de quoi ravitailler et nourrir toutes ces personnes et les animaux, et le froid arrive.

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Extrait de la BD « Champs d’honneur – la Bérézina » – Gloris, Parma

Napoléon décide donc de battre en retraite. Or, l’hiver glacial – mais aussi le harcèlement des Russes – va rendre l’expédition particulièrement périlleuse : fin novembre, la Grande Armée se retrouve face à la Bérézina – une rivière biélorusse  – charriant de la glace. Le général Éblé fait construire deux ponts de bois mais l’armée française a les Cosaques à ses trousses ; résultat : moins de la moitié des assaillis ont pu traverser, tandis que les retardataires ont tenté de traversé la rivière glaciale ou se sont fait emprisonner par les Russes : une véritable Bérézina !

De cette déroute historique majeure vient notre expression pour parler d’un échec cuisant ou d’une situation catastrophique.

Berezina-Tesson

Le terme donne aussi son titre au livre de Sylvain Tesson – un auteur de voyage que j’affectionne aussi particulièrement : il y décrit l’expédition de Moscou aux Invalides à Paris qu’il a faite avec ses amis en side-car, retraçant l’itinéraire de la Grande Armée. Une façon bien à lui de commémorer le bicentenaire de la retraite de Russie. J’ai hâte de lire cette expédition de plus de 4000 kilomètres, certainement ponctuée de mille et une petites ou grandes Bérézina…

Quant à mes amis fanfarons, qui portent le chapeau cosaque (le papakha) et des vêtements rayés noirs et blancs, ils n’ont pas choisi de se nommer ainsi en vue de mauvaise augure pour leur troupe, mais sans doute parce que leur musique vient résolument de l’Est : Caucase, Russie, Balkans…mêlée à des influences locales, d’où leur dénomination d’origine contrôlée de « fanfare slaveyronnaise »…;-)

Berezina1-fanfare

La Bérézina – fanfare slaveyronnaise

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Sonnez les cloches !

Les cloches de Pâques réveillent mon juke-box interne diffusant chansons ou expressions idiomatiques…« Quelle cloche celle-là ! », « Ce n’est pas le son de cloche que j’ai eu de cette histoire ! », « Il y a quelque chose qui cloche là-dedans… » ou « Je vais lui sonner les cloches tu vas voir ! » sont autant d’expressions où l’on trouve le mot « cloche » sans pour autant que pleuvent dans notre jardin des oeufs de Pâques en chocolat que les petits chercheront avidement…Dommage !

Voyons cependant d’où nous viennent ces expressions et dans quel contexte vous pourrez les utiliser.

  • quelle-cloche-théâtre Quelle cloche ! = Bon, premièrement, sachez que ce n’est pas un compliment d’être une cloche. Quelqu’un qui est cloche est stupide, vraiment pas futé(e), on dit aussi parfois « Quelle greluche ! » (la greluche désignant une femme aux moeurs légères dans les années 1930), ou bien « Quelle cruche ! » (la cruche étant ce récipient contenant de l’eau ou autre liquide et sonnant creux). Pas grand-chose dans la cervelle, en somme !

  • Il y a quelque chose qui cloche = Il y a quelque chose qui ne va pas, qui ne fonctionne pas ou n’est pas normal. Soit dans un mécanisme quelconque soit dans un raisonnement. « Ça ne tient pas debout ton histoire, il y a plusieurs détails qui clochent…! »

  • Sonner les cloches à quelqu’un = gronder, réprimander quelqu’un fortement. « Ne rentre pas à 4 heures du matin sans prévenir, tu vas te faire sonner les cloches ! ». Au XVIIème siècle on trouvait déjà l’expression « faire sonner la plus grosse cloche » pour dire « Faire parler celui qui a le plus d’autorité ».

    se faire sonner les cloches-Christian

    dessin de Christian

 

  • Avoir le même son de cloche ou un son de cloche différent = avoir la même version / interprétation d’une histoire ou avoir une version (ou opinion) différentes sur un même sujet. Pour pouvoir juger d’une situation, il ne faut pas s’en tenir à un seul son de cloche (une seule version) mais bien confronter les avis différents et explications parfois contradictoires. « Victor dit qu’il n’a pas réussi son exam à cause de la complexité du sujet mais je n’ai pas le même son de cloche de ses professeurs : selon eux, c’est qu’il n’a rien étudié depuis longtemps ! ».

  • Être de la cloche = être clochard, personne sans le sou vivant dans la rue. Maintenant on utilise plutôt l’acronyme SDF = Sans Domicile Fixe.

  • Sauter à cloche-pied : quand vous avancez et sautez sur un seul pied. Bon, il faut être un peu cloche pour marcher comme ça…;-) cloche-pied-604018-264-432

De cloche on peut en arriver au clocher (qui les abrite, en haut de l’église) et ajouter l’expression « Ceci est une querelle de clocher » = un problème, des conflits purement locaux, sans grand impact ni importance. Qui ne dépasse pas la petite sphère étriquée d’un village…

querelle-de-clocher_balthazar-2013

dessin de Balthazar-2013

Et, pour les Catalans, faites attention, ne traduisez pas votre « Fer campana » par « Faire la cloche » – non, comme vous l’avez lu, ce serait autre chose (« faire l’idiot/e ») – mais par « Faire l’école buissonnière », c’est-à-dire manquer l’école !

Ce qui, en ce jour de rentrée post-pascal, est évidemment totalement interdit…:-)

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Ne pas avoir les yeux en face des trous…

Je vais essayer de faire aussi court que pour le post « avoir du pain sur la planche » (l’expression phare de ce blog) :

Voici des yeux :

yeux

Voici des trous :

trous

(Attention il y a autant de trous différents que de yeux, les images montrent d’ailleurs une collection de trous noirs, mais, plus prosaïques, prenons par exemple aussi les trous du gruyère, très parlant : trou-gruyere

Et voici l’expression « ne pas avoir les yeux en face des trous » = ne pas être bien réveillé, se cogner dans les portes, faire tout de travers, ne pas voir clair, après avoir passé une mauvaise nuit ou bien une soirée trop arrosée. Ou quand on est très fatigué…Les étudiants cherchent souvent la traduction de « estoy espeso » ou « estic espès » en catalan, eh bien voilà « je n’ai pas les yeux en face des trous », ça traduit assez fidèlement cette idée !

L’expression remonterait au XVIIème siècle où on disait « avoir les yeux de travers ». Et ce dessin d’un élève de CM1 sur ce blog scolaire m’a semblé le plus joli pour représenter l’expression :

dessin-yeux-trous-classe-CM1

Et pourquoi cette expression au fait ? Eh bien parce que dans la 13ème semaine sans interruption avant les vacances de Pâques, je crois bien que plus personne n’a vraiment les yeux en face des trous…:-D

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