Archives de Catégorie: Expressions imagées

Se faire sonner les cloches

Pâques est passée – bizarrement cette année certes – et une expression autour des cloches m’est naturellement venue en tête : « Se faire sonner les cloches ».

Bon, si vous vous faites sonner les cloches, ce n’est pas une bonne nouvelle : ne vous attendez pas au lapin qui vient vous chuchoter à l’oreille que vous pouvez aller courir dans le jardin pour chercher les oeufs en chocolat de Pâques. Non. Se faire sonner les cloches, c’est se faire remonter les bretelles, se faire gronder. Passer un mauvais quart d’heure, en somme. Ma propension à vous expliquer une expression idiomatique par une autre expression idiomatique n’est peut-être pas une stratégie des plus pédagogiques, me dis-je….

sonner-les-cloches-2Apparemment, l’expression daterait du XVIIème siècle et renverrait au symbole de puissance sonore d’une cloche et son écho impressionnant : le sermon fait n’est ainsi pas prêt d’être oublié. On vous a réprimandé pour de bon ! En d’autres termes – et toujours dans le souci d’enrichir vos expressions – on vous a passé un bon savon !

Écoutez ce petit podcast de RFI sur l’expression, les explications des enfants sont succulentes ! Je viens aussi de me rendre compte – l’amnésie me guette ! – que j’avais couvert cette expression sur ce post, avec d’autres autour des cloches, alors prenez cet article comme une révision !

Eh bien, voici peut-être un avantage du confinement, un peu moins d’occasions de contact social et du risque de se faire sonner les cloches par une « grosse cloche » ! 😉

Expressions en bonus :

se faire passer un savon / se faire remonter les bretelles = se faire sonner les cloches = être réprimandé, grondé.

Passer un mauvais quart d’heure = passer un mauvais moment.

une grosse cloche ou être cloche = un/e idiot/e.

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Prendre son mal en patience

En plein confinement et apprenant ce matin que cela durera 15 jours de plus minimum (3 semaines devant nous donc au bas mot !), cette expression me vient naturellement à l’esprit. On associe ici une vertu – la patience – à un mal : le confinement, mais au-delà du confinement, le mal c’est surtout ce virus qui terrorise le monde et nous terre chez nous, perplexes et inquiets.

« Prendre son mal en patience », c’est supporter sa peine – ou toute situation désagréable – avec résignation…Résignation et sagesse car il nous en faut en ce moment ! L’expression existerait depuis le XIIème siècle, ça fait un bail* donc !

long-comme-un-jour

J’ajouterai à cette expression cette autre : « Long comme un jour sans pain ». Celle-ci remonte à la moitié du XVIIème siècle mais c’est au XVIIIème qu’elle prend son sens figuré et décrit le terrible ennui lié aux longues journées sans rien faire d’autre que d’attendre – un morceau de pain pour certains, l’aliment de base, et seulement attendre pour d’autres, quand on a du pain sous la main.

Bien, j’espère que vous avez assez de ressources en vous et d’idées pour passer ces longues journées de confinement. Quant à moi, cela me permettra peut-être de mettre un peu à jour ce blog qui hiberne un peu, « un mal pour un bien » donc ! 🙂

Expressions bonus :

  • Ça fait un bail = ça fait longtemps.
  • Un mal pour un bien = une chose négative en apporte une bonne.

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Ça ne casse pas trois pattes à un canard

À la fin de cet été, un couple d’amis franco-anglais est venu passer quelques jours chez moi avec leurs filles pendant que j’étais encore en train de vagabonder sur les routes.

Avant de leur donner quelques conseils de lieux à voir dans le coin, grâce à la magie du message instantané, ils m’avaient devancée et surprise un matin en m´écrivant « On va visiter Solsona »…. – « Solso…quoi ??? Ah bon mais pourquoi ??? » Entendons-nous bien : je n’ai absolument rien contre Solsona – petite ville qui doit avoir son charme – mais la distance (plus d’une heure d’ici) et le peu d’écho touristique de cet endroit ne me semblait pas valoir un tel détour alors que nous avons à proximité de charmants villages de montagne, des excursions à couper le souffle, les lacs d’Andorre ou de Cerdagne où se ressourcer…Et en plus ils étaient là en pleine « Fête Majeure » de La Seu d’Urgell donc c’était très insolite d’aller vaquer vers des contrées aussi éloignées. Je leur ai alors envoyé un long message avec un itinéraire tout tracé pour les jours à venir en leur souhaitant une belle journée dans le Solsonès et en les pressant de me dire si ça valait le coup car je ne m’étais à vrai dire jamais arrêtée dans cette ville. La réponse le soir m’a fait éclater de rire et est la raison d’être de ce post (on en arrive à nos moutons !!!) ; le message disait « Bon alors Solsona, c’est mignon mais ça casse pas trois pattes à un canard ! »

Tout en me demandant d’où pouvait venir cette référence au canard, je me suis immédiatement dit « Cette expression ira sur FrancoFils ». Ça ne casse pas trois pattes à un canard, ça veut dire : « Ça n’a rien d’extraordinaire, ce n’est pas terrible ». Évidemment comme le canard n’a que deux pattes, lui en casser trois tiendrait du miracle et là, bah, rien, pas de miracle, que du banal, ça n’a rien de fantastique. Pauvre canard… »casser » ceci dit aurait dans ce cas le sens d’avoir un effet retentissant » et non « briser ». Et le canard serait plutôt une déformation de « cagnard », le cheval de cagne utilisé pour le labour et qui devait être sacrifié s’il se cassait une seule patte car personne ne savait le guérir (alors 3 n’en parlons pas !).

En espagnol on dirait « No es nada del otro mundo » (ou « del otro jueves ») ou encore « No es como para volverse loco » et en français plus vulgairement on pourrait aussi dire « Y’a pas de quoi se taper le cul par terre! »

Comme cet article en somme qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui a le mérite de ressusciter un peu ce blog dont je n’ai guère le temps ni le loisir de m’occuper dernièrement! (le pain sur la planche, le pain sur la planche, voilà !).

Expression bonus :

On en arrive à nos moutons = arriver au sujet principal, au thème qui nous intéresse.

 

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Avoir un poil dans la main

L’expression est apparue l’autre jour en classe et ne peut manquer à ce blog. On pourrait même croire, au vu du peu d’entrées éditées dernièrement, que j’ai moi-même un poil dans la main mais il n’en est rien, j’avais plutôt au contraire beaucoup de pain sur la planche et peu de temps à dédier aux « extras ».

Mais alors, que veut dire avoir un poil dans la main ? Cela décrit une personne très très paresseuse, qui ne veut rien faire. L’expression est datée du début du XIXème siècle lorsque les travaux étaient encore principalement manuels et on peut supposer qu’une personne qui échappait à toute tâche pouvait se voir affublé de tares physiques inattendues comme un poil dans la main…Mais à vrai dire l’origine et l’explication de l’expression n’est pas certaine. Aujourd’hui, les paresseux ayant souvent un outil technologique dans les mains (portable, tablette…), le poil ne grandirait peut-être plus aussi facilement au creux de la paume…

Vous saurez en tout cas que si on vous dit que vous avez un poil dans la main, cela signifie que vous êtes un fainéant, un glandeur ou un tire-au-flanc…Bref, pas vraiment des compliments !

avoir-un-poil-dans-la-main

Dessin de Zelda Zonk pour TV5monde

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Jouer sur plusieurs tableaux

Aujourd’hui, trois expressions « voisines » :

  • Quelqu’un qui joue sur plusieurs tableaux est une personne qui n’est pas loyale et qui essaie de profiter de plusieurs situations en même temps pour arriver à ses fins, quelque soit les moyens – souvent cette personne agit et « pose ses pions » même si les positions semblent adverses voire incompatibles. Bref c’est quelqu’un qui n’est pas franc ni honnête. Et souvent, son « manège » finit par être découvert.
  • Ce qui me mène à la 2ème expression, « courir deux lièvres à la fois ». Expression venue de la chasse qui décrit le projet de quelqu’un qui, voulant abattre deux – ou plusieurs – lièvres à la fois, risque surtout de rater son coup et n’en attraper aucun. L’expression s’est étendue à d’autres domaines, notamment au domaine amoureux pour parler d’une personne qui essaie de séduire deux prétendant(e)s à la fois et échoue lamentablement…car quand on ne sait pas choisir, il y a des chances que les personnes visées s’en rendent compte et finissent par fuir et douter sérieusement de la sincérité du « chasseur ».

lièvre

  • Finalement le proverbe « Qui trop embrasse mal étreint » ferme ce cercle d’expressions. Lorsqu’on entreprend trop de choses à la fois, on ne réussit rien…Dommage 😦

On m’a dit il y a peu une expression en catalan qui m’a intriguée ; en se référant à une personne que les deux connaissions, cette interlocutrice m’a dit « Bé, saps, ell te molts cops amagats ! ». Je n’ai pas encore percé le sens exact de l’expression, mais je me suis demandé si cette personne qui avait « des coups cachés » ne le faisait pas justement parce qu’elle jouait sur plusieurs tableaux…Et je dois avouer que si c’est bien cela…ça m’a déçue ! Même si c’est toujours celui qui fait des coups bas qui finit toujours par y perdre et devrait s’en mordre les doigts

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« Le langage du corps » selon Grand Corps Malade

Aujourd’hui c’est Grand Corps Malade qui signe indirectement ce billet truffé d’expressions et vient à ma rescousse car, comme je l’ai expliqué récemment, le temps m’est compté ces derniers temps et je ne peux pas alimenter FrancofiLs aussi souvent que je l’aimerais. Mais, pas de problème, artistes, écrivains ou chanteurs sont là pour illustrer cette omniprésence des expressions imagées dans notre langage et notre goût pour en jouer. Il y a peu, circulait cette vidéo « inédite » du slameur Grand Corps Malade, aubaine incroyable pour notre blog ! Je vous laisse écouter d’abord…puis vous copie les paroles en faisant apparaître toutes les expressions idiomatiques liées au corps qu’il a insérées dans son texte (il y en a d’autres mais celles-ci je ne les relèverais pas ici). Celles qui ont fait l’objet de posts précédents sur FrancofiLs, je vous les mets également en lien…Pour les autres….allez, c’est un devoir ! Cherchez, faites des hypothèses, discutez-en entre vous et commentez ce billet pour élucider les mystères de toutes ces expressions ! Peut-être que lorsque j’aurais un peu plus de temps, je vous mettrai en bas du texte quelques pistes ou équivalents en langage standard pour les retrouver…Faites bouillir les neurones ! (= Creusez-vous la tête !)

 Le langage du corps – Grand Corps Malade

Paroles de la chanson :

Le corps humain est un royaume où chaque organe veut être le roi
Y’a le coeur, la tête les couilles, ça vous le savez déjà
Mais les autres parties du corps ont aussi leur mot à dire
Chacun veut prendre le pouvoir et le pire est à venir
Il y a bien sûr la bouche qui a souvent une grande gueule 
Elle pense être la plus farouche mais se met souvent le doigt dans l’ œil 
Elle a la langue bien pendue pour jouer les chefs du corps humain
Elle montre les dents c’est connu mais n’a pas le cœur sur la main 
Seulement la main n’a pas forcément le monopole du cœur
Elle aime bien serrer le poing, elle aime jouer les terreurs
Elle peut même faire un doigt elle ne fait rien à moitié
La main ne prend pas de gants et nous prend vite à contre-pied
Le pied n’a pas de poil dans la main mais manque d’ambition
Au pied levé je dirais comme ça que le pied n’a pas le bras long 
Les bras eux font des grands gestes pour se donner le beau rôle
Ils tirent un peu la couverture mais gardent la tête sur les épaules 

Quand la bouche en fait trop la main veut marquer le coup
Pour pas prendre sa gifle la bouche prend ses jambes à son cou 
La bouche n’a rien dans le ventre elle préfère tourner le dos
Et la main sait jouer des coudes la tête lui tire son chapeau
Mais l’oeil n’est pas d’accord elle lui fait les gros yeux 
Ils sont pas plus gros que le ventre mais l’oeil il sait ce qu’il veut
Car l’œil a la dent dure, le corps le sait tout le monde le voit

À part peut-être la main qui pourrait bien s’en mordre les doigts 
Et la jambe dans tout ça et bien elle s’en bat les reins
Elle est droite dans sa botte et continue son chemin
Personne ne lui arrive à la cheville quand il s’agit d’avancer
Même avec son talon d’Achille elle trouve chaussure à son pied 
Les pieds travaillent main dans la main et continuent leur course
Jamais les doigts en éventail ils se tournent rarement les pouces 
Ça leur fait une belle jambe toutes ces querelles sans hauteur
Les pieds se foutent bien de tout ça loin des yeux loin du cœur 

Pour raconter l’corps humain rien n’est jamais évident
Je m’suis creusé la tête et même un peu cassé les dents
Alors ne faites pas la fine bouche j’espère que vous serez d’accord
Que c’texte est tiré par les cheveux mais que petit à petit il prend corps
J’n’ai pas eu froid aux yeux mais je reste un peu inquiet
Je croise les doigts pour qu’au final je retombe sur mes pieds 
Ne soyez pas mauvaise langue même si vous avez deviné
Que pour écrire ce poème je me suis tiré les vers du nez 

On peut être timide ou on peut parler fort
D’toutes façons ce qui décide c’est le langage du corps
On peut avoir l’esprit vide ou un cerveau comme un trésor
D’toutes façons ce qui domine c’est le langage du corps
C’est le langage du corps
C’est le langage du corps

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Ça commence à me courir sur le haricot…

courir-haricot-image-de-Dide

dessin de Dide

Cela fait un moment que je veux présenter cette expression sur FrancofiLs. Et, en vérifiant son origine, je comprends qu’elle ne me revient peut-être pas par hasard et fait écho à l’actualité la plus brûlante.

Avant d’en déterminer le contexte, expliquons le sens de cette drôle d’expression. Ça commence à me courir sur le haricot = ça commence à m’énerver, à m’agacer profondément, voire à m’exaspérer.

Pourquoi « courir » et pourquoi « haricot » ? Dès le XVIème siècle, le verbe « courir » dans son emploi populaire et transitif (courir quelqu’un) signifiait l’importuner. Au XIXème siècle, le verbe « haricoter » avait à peu près le même sens, dans un cadre davantage commercial, « chipoter pour rien en affaires », et donc exaspérer son interlocuteur. On trouve également le mot argotique de « haricot » pour « orteil » et donc si quelqu’un vous écrase l’orteil, forcément ça vous agace…

Et qu’est-ce qui commence à me courir sur le haricot et me propulse vers l’actualité, me demanderez-vous ? Et bien ce même mot d’ « importuner » auquel l’expression nous renvoie et qui résonne de bien triste manière dernièrement. Il y a quelques jours, une centaine de femmes ont signé dans Le Monde une tribune pour revendiquer, je cite, « le droit des hommes à importuner les femmes ». Je ne reviendrais pas en long en large et en travers sur toute cette affaire ni donnerais en détails mon opinion sur le sujet – ce n’est pas l’objet de ce blog. Il suffit juste de dire que cela fait suite à la campagne #balance-ton-porc# ou #me-too#  qui avait permis il y a quelques mois de libérer la parole des femmes victimes de violences sexuelles ou de harcèlements. Même si on pouvait lamenter quelques écueils de cette campagne ou être circonspect sur la terminologie porcine choisie, il n’en reste pas moins que les femmes victimes n’avaient pas besoin que d’autres  congénères se mettent à défendre un système patriarcal bien huilé où se faire draguer lourdement ne devrait être considéré que comme « le droit des hommes à importuner », sans plus…Certes, certaines ont peut-être tout mélangé et dans la déferlante des réseaux sociaux ont mis dans le même paquet le viol le plus sordide à l’attouchement maladroit et tristement banal qui ne traumatise pas à vie certaines demoiselles. Il n’en demeure pas moins que ces femmes-là ont le droit de vivre l’événement comme également choquant et traumatisant et que ça semble vraiment déplacé de la part de ces 100 femmes de leur retirer déjà la parole et de minimiser encore leurs dires – ou de banaliser ce qui ne l’est pas car pourquoi les femmes ne se frottent-elles pas contre les hommes dans le métro, elles ? N’y a t-il pas là du déterminisme social et le rôle de l’éducation ?

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que s’il y a bien quelque chose qui nous court sur le haricot depuis des lustres, c’est ce sexisme ordinaire qui ne fait pas vraiment avancer la société ! Donc les 100 meufs là, tournez sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler s’il-vous-plait, les femmes et les hommes – non porcs – s’en porteront bien mieux !

courir-haricot-2

par theintrepidguide

Bonus :

  • meufs = verlan de « femmes »
  • Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler = réfléchir avant de parler.

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Noël au balcon, Pâques au tison

Noël au balcon.jpg L’expression signifie simplement que si le temps est trop doux à Noël, il y a de fortes chances pour que l’on ait froid à Pâques et qu’on le passe près d’un feu de cheminée…

Le tison désigne le morceau de bois ou de bûche dans un feu de cheminée qui n’a pas encore été brûlé.TISONS De nombreux proverbes et dictons liés à Noël prédisent la météo et parfois les conséquences sur l’agriculture ou les récoltes – ce qui régissait la vie paysanne d’autrefois en somme : « Verte fête de Noël, blanche fête de Pâques » (Haut-Rhin), « Noël herbeux, Pâques teigneux » (Franche-Comté), « Quand Noël par la lune est éclairé, beaucoup de paille et peu de blé », « À Noël froid dur, annonce les épis les plus sûrs ». Et puis il y a cette inquiétante mise en garde :  « Quand on voit un hiver avant Noël, on est sûr d’en avoir deux ». Inquiétante car cela fait déjà deux mois que j´ai froid moi et je n’ai jamais commandé un double-hiver…!

Pour se consoler, rien de tel que la logique bretonne avec ce dicton époustouflant : « À force de chanter Noël, arrive la Nativité »…(simplifié parfois par un « À force de chanter Noël, il arrive! »). Et quand on ne l’a même pas chanté mais qu’il faut bien admettre qu’il est là malgré tout – avec son avalanche de messages et de cartes animées pour l’occasion, on peut aussi lire Gelück et y trouver un savoureux jeu de mots du Chat :

Noël-le-chat.jpg

(« j’ai les boules » = dans le registre familier, se dit quand on se sent mal ou qu’on est dégoûté par rapport à quelque chose…ici, le « stress » engendré par tous les préparatifs de Noël, les cadeaux, la consommation, les repas interminables…).

Enfin…Quelque soit les cieux et nuages au-dessus de vos têtes et vos croyances profondes, Joyeux Noël et Bonne Année à tous, avec pour résolution toujours plus d’expressions et de proverbes dans notre hotte francophile !

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« Le français, langue animale ». Hommage à Jean d’Ormesson.

Jean-d'OrmessonCette semaine, l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson est mort. Oui, je sais, le lendemain, c’était au tour de Johnny Hallyday de pousser son dernier soupir. Mais s’il serait intéressant de se pencher sur la syntaxe pour le moins peu orthodoxe du rockeur « idole-des-jeunes-(devenus-vieux) » – en particulier avec son fameux « Que je t’aime », je crois que FrancofiLs aura un peu plus d’affinités linguistiques avec le fin lettré au regard bleu pétillant. Et en cherchant un peu, je suis tombée sur LE texte qui doit figurer ici ! Il s’agit d’un délectable jeu sur la langue intégrant une belle panoplie de nos expressions imagées liées aux animaux : vous le trouverez ici et j’encourage tous les francophiles (et les étudiants de mes collègues ayant des niveaux B2-C1) à se prêter au jeu de la retranscription de ce texte en « langage standard ». Vous verrez, vous apprendrez plein d’expressions (et moi je peux me déclarer en vacances de blog un an, ah ah !).

J’ai aussi vu cette petite vidéo où il rend hommage à la langue française : Jean d’Ormesson célèbre la langue française. Comme ça, pour ceux qui ne connaissaient pas du tout l’intellectuel, vous en aurez un aperçu…Ses choix politiques ne me plaisaient pas du tout mais, outre cela, on peut saluer le fait qu’il ait fait entrer la première femme à l’Académie Française : Marguerite Yourcenar. Ce n’était pas par idéologie féministe mais par sincère admiration pour l’écrivaine. L’Académie, temple des Lettres jusqu’alors uniquement réservé aux hommes, lui doit cette petite révolution…

Bon, et puis allez, d’accord, je vous la laisse aussi la chanson de Johnny car il ne faut pas être élitiste et il y a bien aussi quelques expressions « animales » à repérer au coeur des paroles (et au comble de l’érotisme !). Il en existe une version de Camille qui, personnellement, me séduit un peu plus mais les goûts et les couleurs, vous savez…

J’espère que les morts ne vont pas se retourner dans leurs tombes pour les avoir ainsi mêlés dans un même post. En même temps, ils n’avaient qu’à pas passer l’arme à gauche à deux jours d’intervalle non plus…Jean d’Ormesson, nonagénaire, ironisait lors d’un entretien télévisé sur le fait de mourir juste avant ou après une autre célébrité. Et bien, s’il avait su que le sort lui réservait la contemporanéité du deuil avec celui qui « allumait le feu », je crois qu’il n’aurait pas su si rire ou pleurer ! (mais je pense qu’il aurait ri…) Quoiqu’il en soit, les chanteurs, les écrivains, nous laissent toujours des milliers de mots pour se souvenir d’eux. Et je les remercie car ce soir, c’est eux qui ont fait ce post en réalité ! 🙂

Expressions bonus :

  • Les goûts et les couleurs…(ou : des goûts et des couleurs, on ne discute pas) = nous sommes tous différents et avons des goûts divers, il faut faire avec.
  • se retourner dans sa tombe = se dit quand une personne décédée aurait été très choquée par une situation.
  • passer l’arme à gauche = décéder, mourir.

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Ça va faire du bruit dans Landerneau

Il y a des expressions qui nous viennent directement par héritage paternel ou maternel…C’est le cas de cette expression « Ça va faire du bruit dans Landerneau » que ma mère utilisait et qu’elle transformait complètement car dans mon souvenir elle disait plutôt « Y´a du monde dans Landerneau! ». Je la revois encore, conductrice prudente et mal assurée, à un carrefour et se désespérant de pouvoir se lancer entre deux véhicules « Oh là là, y´a du monde dans Landerneau aujourd´hui ! ». Comprenez : il y a trop de monde, je ne peux pas passer !

Eh bien, ce qui est comique, c´est que l’expression originale n’est pas « Y´a du monde » mais « Ça va faire du bruit dans Landerneau » et signifie : c’est une affaire qui va faire beaucoup de bruit, qui va déclencher des commérages. Rien à voir donc avec la densité de la circulation ou une foule compacte qui ne vous laisserait pas avancer. Et c’est grâce à FrancofiLs que je découvre cette fantaisie de ma mère car je me demandais d’où venait cette expression que j’utilise aussi et je me suis rendu compte qu’elle l’avait transformée à sa sauce, ce qui me la rend d’autant plus attachante.

En tout cas, Landerneau est devenu célèbre grâce à cette expression : petite ville de Bretagne dans le Finistère (répertoriée ici sur wikipédia), elle serait passée relativement inaperçue si la langue française ne l’avait aussi bien intégrée à ses dictons. Pas moins de trois origines semblent expliquer la mention à Landerneau :

  • Une pièce d’Alexandre Duval, écrite au XVIIIème siècle, Les Héritiers, dont un des personnages – un marin – réapparaît dans sa ville natale – Landerneau – alors que tout le monde le croyait mort ; un valet s’écrie alors : « Oh le bon tour ! Je ne dirai rien, mais cela fera du bruit dans Landerneau ! ». Évidemment les héritiers en train de se disputer la succession ne voient pas d’un bon oeil le retour de ce ressuscité et les rumeurs commencent à s’amplifier dans le village…
  • Dans une autre version, on explique que cela viendrait du tir de canon que l’on envoyait au bagne de Brest lorsqu’il y avait une évasion. Le bruit retentissait alors jusqu´à Landerneau et on disait « Ça va faire du bruit à Landerneau »…Soit pour le bruit mais cela n’explique pas la déferlante des potins ceci dit…
  • On trouve aussi la mention du tintamarre (= grand bruit) que les habitants faisaient sous les fenêtres d’une veuve trop vite remariée à Landerneau, et par extension on utiliserait aussi le toponyme « Landerneau » comme nom commun dans les expressions « un Landerneau culturel » ou « Landerneau montagnard » par exemple pour désigner des milieux considérés comme fermés et de haut niveau ayant leurs propres manies, jargons etc.

Bon, à vrai dire, ma mère n’arrivait pas jusque là ou bien elle associait foule et tintamarre…En tout cas, l’expression qui a rendu célèbre la localité vaut à Landerneau la belle occasion d’organiser une « fête du bruit » chaque été. Et même si je sais à présent que l’expression n’est pas tout-à-fait telle qu’elle la disait, je dois avouer que moi je continue à l’employer à sa manière…Et en ce moment en terre catalane, entre les casseroles qui tintent à 22h et les manifestations qui réunissent des foules, on peut facilement jongler de l’une à l´autre Y’a du monde ou Ça va faire du bruit dans Landerneau ! 😉

 

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