la mascotte d´une classe (Ficelle)
L´autre jour, je suis tombée dans le piège d´un faux-ami, sans comprendre immédiatement la gaffe* que je faisais. Dans un cours de première année, j´avais une toute jeune étudiante de 13 ans, la plus jeune du groupe, adorable, vive, rigolote mais qui s´entêtait à parler en catalan et oubliait souvent que les jeux qu´on faisait avaient pour principal but de pratiquer le français. Je la taquinais un peu et comme les autres étudiants s´amusaient aussi de ses réactions, je me suis exclamée un moment : « Ah mais A… c´est un peu notre mascotte, la mascotte du groupe ! ». J´ai vu des regards étonnés, des exclamations, quelqu´un qui répétait « La mascota ! », l´air de dire « Se pasa un poco la profe ! ». Sur le moment, concentrée sur la prochaine activité du cours, je n´ai pas du tout réalisé que je créais un malentendu à partir de ce mot. La « mascotte » en français est un être ou un objet considéré comme portant bonheur, quelqu´un qui représente et lie le groupe, en est un emblème sympathique, attachant. C´est un terme très positif. Mais en espagnol, « la mascota » désigne l´animal domestique que l´on a chez soi (le chien, le chat, le hamster…) et malgré toute l´affection qu´on peut lui porter, ce n´est pas forcément flatteur d´attribuer ce mot à une personne ! Bref, voici un exemple typique de malentendu interculturel quand un mot très ressemblant (un faux-ami donc) est interprété de façon diamétralement opposé dans une langue et dans une autre.
mascotas – animaux domestiques
Donc, que ceci soit dit ici : chère A…, je ne disais pas que tu étais notre petit animal de classe mais son symbole le plus affectueux et attachant ! Il y a cependant une autre dimension dans cette anecdote, qui est contenue dans ce proverbe : « Qui aime bien châtie bien » = c´est une preuve d´affection quand on se moque de quelqu´un ou qu´on est un peu dur avec lui, quand on fait remarquer ses défauts. Ce proverbe est assez révélateur d´un comportement typiquement français : quand on aime bien quelqu´un, au lieu de le flatter, on le taquine !
La deuxième anecdote me vient de mon père, en visite ce week-end et qui m´a rappelé cette histoire de jeunesse qui fait toujours beaucoup rire la famille. Quand il était jeune, il avait visité l´Espagne avec un groupe de copains en voiture et, arrivés dans une ville andalouse, ils cherchaient une place de parking à l´ombre. Un de ses amis, le moins timide du groupe, était allé à la rencontre d´un autochtone pour lui poser la question dans son castillan de survie. Il n´avait pas compris pourquoi l´Espagnol était parti en courant quand il lui avait demandé très innocemment : « Donde hay un lugar con « ombre » para toda la tarde ? » Évidemment, le copain de mon père pensait que « ombre » était l´équivalent de l´ombre en français (« la sombra ») et ne ressemblerait pas à « homme » (« hombre ») en espagnol ! D´où le malentendu et la fuite de l´interlocuteur andalou, effrayé par sa rencontre avec ces drôles de Français pervers !!!
ombres sur les dunes – photo B. Chevalier
Moralité de ces histoires par ce « dicton » : Il faut toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler.
Et j´ajouterai : quand on parle en langue étrangère, peut-être faut-il même la tourner 14 fois !!!
Note :
* une gaffe = une maladresse. Faire une gaffe = dire quelque chose de façon maladroite en méconnaissant ou oubliant une situation.