« Le français, langue animale ». Hommage à Jean d’Ormesson.

Jean-d'OrmessonCette semaine, l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson est mort. Oui, je sais, le lendemain, c’était au tour de Johnny Hallyday de pousser son dernier soupir. Mais s’il serait intéressant de se pencher sur la syntaxe pour le moins peu orthodoxe du rockeur « idole-des-jeunes-(devenus-vieux) » – en particulier avec son fameux « Que je t’aime », je crois que FrancofiLs aura un peu plus d’affinités linguistiques avec le fin lettré au regard bleu pétillant. Et en cherchant un peu, je suis tombée sur LE texte qui doit figurer ici ! Il s’agit d’un délectable jeu sur la langue intégrant une belle panoplie de nos expressions imagées liées aux animaux : vous le trouverez ici et j’encourage tous les francophiles (et les étudiants de mes collègues ayant des niveaux B2-C1) à se prêter au jeu de la retranscription de ce texte en « langage standard ». Vous verrez, vous apprendrez plein d’expressions (et moi je peux me déclarer en vacances de blog un an, ah ah !).

J’ai aussi vu cette petite vidéo où il rend hommage à la langue française : Jean d’Ormesson célèbre la langue française. Comme ça, pour ceux qui ne connaissaient pas du tout l’intellectuel, vous en aurez un aperçu…Ses choix politiques ne me plaisaient pas du tout mais, outre cela, on peut saluer le fait qu’il ait fait entrer la première femme à l’Académie Française : Marguerite Yourcenar. Ce n’était pas par idéologie féministe mais par sincère admiration pour l’écrivaine. L’Académie, temple des Lettres jusqu’alors uniquement réservé aux hommes, lui doit cette petite révolution…

Bon, et puis allez, d’accord, je vous la laisse aussi la chanson de Johnny car il ne faut pas être élitiste et il y a bien aussi quelques expressions « animales » à repérer au coeur des paroles (et au comble de l’érotisme !). Il en existe une version de Camille qui, personnellement, me séduit un peu plus mais les goûts et les couleurs, vous savez…

J’espère que les morts ne vont pas se retourner dans leurs tombes pour les avoir ainsi mêlés dans un même post. En même temps, ils n’avaient qu’à pas passer l’arme à gauche à deux jours d’intervalle non plus…Jean d’Ormesson, nonagénaire, ironisait lors d’un entretien télévisé sur le fait de mourir juste avant ou après une autre célébrité. Et bien, s’il avait su que le sort lui réservait la contemporanéité du deuil avec celui qui « allumait le feu », je crois qu’il n’aurait pas su si rire ou pleurer ! (mais je pense qu’il aurait ri…) Quoiqu’il en soit, les chanteurs, les écrivains, nous laissent toujours des milliers de mots pour se souvenir d’eux. Et je les remercie car ce soir, c’est eux qui ont fait ce post en réalité ! 🙂

Expressions bonus :

  • Les goûts et les couleurs…(ou : des goûts et des couleurs, on ne discute pas) = nous sommes tous différents et avons des goûts divers, il faut faire avec.
  • se retourner dans sa tombe = se dit quand une personne décédée aurait été très choquée par une situation.
  • passer l’arme à gauche = décéder, mourir.

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Ça va faire du bruit dans Landerneau

Il y a des expressions qui nous viennent directement par héritage paternel ou maternel…C’est le cas de cette expression « Ça va faire du bruit dans Landerneau » que ma mère utilisait et qu’elle transformait complètement car dans mon souvenir elle disait plutôt « Y´a du monde dans Landerneau! ». Je la revois encore, conductrice prudente et mal assurée, à un carrefour et se désespérant de pouvoir se lancer entre deux véhicules « Oh là là, y´a du monde dans Landerneau aujourd´hui ! ». Comprenez : il y a trop de monde, je ne peux pas passer !

Eh bien, ce qui est comique, c´est que l’expression originale n’est pas « Y´a du monde » mais « Ça va faire du bruit dans Landerneau » et signifie : c’est une affaire qui va faire beaucoup de bruit, qui va déclencher des commérages. Rien à voir donc avec la densité de la circulation ou une foule compacte qui ne vous laisserait pas avancer. Et c’est grâce à FrancofiLs que je découvre cette fantaisie de ma mère car je me demandais d’où venait cette expression que j’utilise aussi et je me suis rendu compte qu’elle l’avait transformée à sa sauce, ce qui me la rend d’autant plus attachante.

En tout cas, Landerneau est devenu célèbre grâce à cette expression : petite ville de Bretagne dans le Finistère (répertoriée ici sur wikipédia), elle serait passée relativement inaperçue si la langue française ne l’avait aussi bien intégrée à ses dictons. Pas moins de trois origines semblent expliquer la mention à Landerneau :

  • Une pièce d’Alexandre Duval, écrite au XVIIIème siècle, Les Héritiers, dont un des personnages – un marin – réapparaît dans sa ville natale – Landerneau – alors que tout le monde le croyait mort ; un valet s’écrie alors : « Oh le bon tour ! Je ne dirai rien, mais cela fera du bruit dans Landerneau ! ». Évidemment les héritiers en train de se disputer la succession ne voient pas d’un bon oeil le retour de ce ressuscité et les rumeurs commencent à s’amplifier dans le village…
  • Dans une autre version, on explique que cela viendrait du tir de canon que l’on envoyait au bagne de Brest lorsqu’il y avait une évasion. Le bruit retentissait alors jusqu´à Landerneau et on disait « Ça va faire du bruit à Landerneau »…Soit pour le bruit mais cela n’explique pas la déferlante des potins ceci dit…
  • On trouve aussi la mention du tintamarre (= grand bruit) que les habitants faisaient sous les fenêtres d’une veuve trop vite remariée à Landerneau, et par extension on utiliserait aussi le toponyme « Landerneau » comme nom commun dans les expressions « un Landerneau culturel » ou « Landerneau montagnard » par exemple pour désigner des milieux considérés comme fermés et de haut niveau ayant leurs propres manies, jargons etc.

Bon, à vrai dire, ma mère n’arrivait pas jusque là ou bien elle associait foule et tintamarre…En tout cas, l’expression qui a rendu célèbre la localité vaut à Landerneau la belle occasion d’organiser une « fête du bruit » chaque été. Et même si je sais à présent que l’expression n’est pas tout-à-fait telle qu’elle la disait, je dois avouer que moi je continue à l’employer à sa manière…Et en ce moment en terre catalane, entre les casseroles qui tintent à 22h et les manifestations qui réunissent des foules, on peut facilement jongler de l’une à l´autre Y’a du monde ou Ça va faire du bruit dans Landerneau ! 😉

 

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C’est la Bérézina !

Je viens de quitter un lieu auquel je suis fidèle depuis mes 17 ans, un village au creux de douces collines. C’est un lieu fondateur pour moi, un écrin de verdure où réside – et ou converge car tous n’y vivent pas – une bonne flopée d’amis, liés entre autres par l’activité d’une association, « Les Nouveaux Troubadours », faisant vivre la culture et l’art en milieu rural. Expositions, musée d’Arts Buissonniers, construction insolite, théâtre, musique, conférences, cirque, marionnettes, littérature…colos et chantiers, tout y est (et j’en oublie) ! J’y ai atterri par hasard comme bénévole sur le chantier un été, puis y suis devenue animatrice puis directrice de camps itinérants quelques années et, de fil en aiguille, je n’ai plus cesser d’y aller et retourner, encore et encore. Un endroit captivant. Ne vous méprenez pas, je ne compte pas transformer ce blog d’expressions en http://www.jeracontemavie.com ou en tranche de pub pour mes amis mais je l’évoque ici comme introduction à ce post sur l’expression « C’est la Bérézina ! » car dans ce village hors du commun, ces personnes que j’affectionne particulièrement ont monté une fanfare, il y a quelques années, et l’ont nommée… »La Bérézina ». Les ayant vu jouer pour les 30 ans de l’association, il y a une semaine, m’est donc venue l’envie d’expliquer ici l’origine de cette drôle d’expression que nous utilisons souvent.

Bérézina – « Oui mais quand ? » s’exclament les curieux qui n’ont pas toutes les dates historiques en tête et ne connaissent pas cette référence – française il faut bien l’admettre. Quand on dit « C’est la Bérézina ! », c’est que tout va mal. C’est le chaos, le désastre, la catastrophe. Les conséquences seront à la hauteur de la débâcle. – « Oh, mais pourquoi ? », demandez-vous encore ! (vous avez vu, j’aime bien faire les voix off…;-)). Cela est lié à Napoléon et à ses invasions européennes. Au printemps 1812, Napoléon Ier lance en effet sa grande Armée à l’assaut de la Russie. Les 500 000 hommes encerclent l’armée russe après avoir franchi le Niémen. Le tsar, conscient de ne pouvoir vaincre l’empereur lors de ces combats décide de pratiquer la tactique de la terre brûlée : Moscou est en flammes lorsque les hommes y arrivent en septembre, et il n’y a donc pas de quoi ravitailler et nourrir toutes ces personnes et les animaux, et le froid arrive.

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Extrait de la BD « Champs d’honneur – la Bérézina » – Gloris, Parma

Napoléon décide donc de battre en retraite. Or, l’hiver glacial – mais aussi le harcèlement des Russes – va rendre l’expédition particulièrement périlleuse : fin novembre, la Grande Armée se retrouve face à la Bérézina – une rivière biélorusse  – charriant de la glace. Le général Éblé fait construire deux ponts de bois mais l’armée française a les Cosaques à ses trousses ; résultat : moins de la moitié des assaillis ont pu traverser, tandis que les retardataires ont tenté de traversé la rivière glaciale ou se sont fait emprisonner par les Russes : une véritable Bérézina !

De cette déroute historique majeure vient notre expression pour parler d’un échec cuisant ou d’une situation catastrophique.

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Le terme donne aussi son titre au livre de Sylvain Tesson – un auteur de voyage que j’affectionne aussi particulièrement : il y décrit l’expédition de Moscou aux Invalides à Paris qu’il a faite avec ses amis en side-car, retraçant l’itinéraire de la Grande Armée. Une façon bien à lui de commémorer le bicentenaire de la retraite de Russie. J’ai hâte de lire cette expédition de plus de 4000 kilomètres, certainement ponctuée de mille et une petites ou grandes Bérézina…

Quant à mes amis fanfarons, qui portent le chapeau cosaque (le papakha) et des vêtements rayés noirs et blancs, ils n’ont pas choisi de se nommer ainsi en vue de mauvaise augure pour leur troupe, mais sans doute parce que leur musique vient résolument de l’Est : Caucase, Russie, Balkans…mêlée à des influences locales, d’où leur dénomination d’origine contrôlée de « fanfare slaveyronnaise »…;-)

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La Bérézina – fanfare slaveyronnaise

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Sonnez les cloches !

Les cloches de Pâques réveillent mon juke-box interne diffusant chansons ou expressions idiomatiques…« Quelle cloche celle-là ! », « Ce n’est pas le son de cloche que j’ai eu de cette histoire ! », « Il y a quelque chose qui cloche là-dedans… » ou « Je vais lui sonner les cloches tu vas voir ! » sont autant d’expressions où l’on trouve le mot « cloche » sans pour autant que pleuvent dans notre jardin des oeufs de Pâques en chocolat que les petits chercheront avidement…Dommage !

Voyons cependant d’où nous viennent ces expressions et dans quel contexte vous pourrez les utiliser.

  • quelle-cloche-théâtre Quelle cloche ! = Bon, premièrement, sachez que ce n’est pas un compliment d’être une cloche. Quelqu’un qui est cloche est stupide, vraiment pas futé(e), on dit aussi parfois « Quelle greluche ! » (la greluche désignant une femme aux moeurs légères dans les années 1930), ou bien « Quelle cruche ! » (la cruche étant ce récipient contenant de l’eau ou autre liquide et sonnant creux). Pas grand-chose dans la cervelle, en somme !

  • Il y a quelque chose qui cloche = Il y a quelque chose qui ne va pas, qui ne fonctionne pas ou n’est pas normal. Soit dans un mécanisme quelconque soit dans un raisonnement. « Ça ne tient pas debout ton histoire, il y a plusieurs détails qui clochent…! »

  • Sonner les cloches à quelqu’un = gronder, réprimander quelqu’un fortement. « Ne rentre pas à 4 heures du matin sans prévenir, tu vas te faire sonner les cloches ! ». Au XVIIème siècle on trouvait déjà l’expression « faire sonner la plus grosse cloche » pour dire « Faire parler celui qui a le plus d’autorité ».

    se faire sonner les cloches-Christian

    dessin de Christian

 

  • Avoir le même son de cloche ou un son de cloche différent = avoir la même version / interprétation d’une histoire ou avoir une version (ou opinion) différentes sur un même sujet. Pour pouvoir juger d’une situation, il ne faut pas s’en tenir à un seul son de cloche (une seule version) mais bien confronter les avis différents et explications parfois contradictoires. « Victor dit qu’il n’a pas réussi son exam à cause de la complexité du sujet mais je n’ai pas le même son de cloche de ses professeurs : selon eux, c’est qu’il n’a rien étudié depuis longtemps ! ».

  • Être de la cloche = être clochard, personne sans le sou vivant dans la rue. Maintenant on utilise plutôt l’acronyme SDF = Sans Domicile Fixe.

  • Sauter à cloche-pied : quand vous avancez et sautez sur un seul pied. Bon, il faut être un peu cloche pour marcher comme ça…;-) cloche-pied-604018-264-432

De cloche on peut en arriver au clocher (qui les abrite, en haut de l’église) et ajouter l’expression « Ceci est une querelle de clocher » = un problème, des conflits purement locaux, sans grand impact ni importance. Qui ne dépasse pas la petite sphère étriquée d’un village…

querelle-de-clocher_balthazar-2013

dessin de Balthazar-2013

Et, pour les Catalans, faites attention, ne traduisez pas votre « Fer campana » par « Faire la cloche » – non, comme vous l’avez lu, ce serait autre chose (« faire l’idiot/e ») – mais par « Faire l’école buissonnière », c’est-à-dire manquer l’école !

Ce qui, en ce jour de rentrée post-pascal, est évidemment totalement interdit…:-)

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Ne pas avoir les yeux en face des trous…

Je vais essayer de faire aussi court que pour le post « avoir du pain sur la planche » (l’expression phare de ce blog) :

Voici des yeux :

yeux

Voici des trous :

trous

(Attention il y a autant de trous différents que de yeux, les images montrent d’ailleurs une collection de trous noirs, mais, plus prosaïques, prenons par exemple aussi les trous du gruyère, très parlant : trou-gruyere

Et voici l’expression « ne pas avoir les yeux en face des trous » = ne pas être bien réveillé, se cogner dans les portes, faire tout de travers, ne pas voir clair, après avoir passé une mauvaise nuit ou bien une soirée trop arrosée. Ou quand on est très fatigué…Les étudiants cherchent souvent la traduction de « estoy espeso » ou « estic espès » en catalan, eh bien voilà « je n’ai pas les yeux en face des trous », ça traduit assez fidèlement cette idée !

L’expression remonterait au XVIIème siècle où on disait « avoir les yeux de travers ». Et ce dessin d’un élève de CM1 sur ce blog scolaire m’a semblé le plus joli pour représenter l’expression :

dessin-yeux-trous-classe-CM1

Et pourquoi cette expression au fait ? Eh bien parce que dans la 13ème semaine sans interruption avant les vacances de Pâques, je crois bien que plus personne n’a vraiment les yeux en face des trous…:-D

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Des torchons et des serviettes…

Un article rapide inspiré par une anecdote récente…

les-torchons-et-serviettes-qui-sc3a8chent.jpgNous étions à Puigcerdà avec ma collègue d’anglais qui, toute Catalane qu’elle est, a pris l’habitude de me parler dans la langue de Shakespeare – pour mon plus grand bien et sa plus noble bénévolence (et totale abnégation auditive…!). En fait, on « switche« * plutôt et on mélange de l’anglais, du catalan et ce qui nous passe par la tête. Nous venions de nous garer et nous étions dirigées vers les ascenseurs – à peu près en même temps qu’une autre femme. Celui que nous avions appelé est arrivé avant et j´ai alors fait un geste et retenu la porte, pensant que la femme allait monter avec nous. Mais non. Détournant le regard, elle attendait sagement « son » ascenseur et ne semblait pas vouloir daigner partager cet espace étroit avec deux inconnues qui parlaient un mélange bizarre de langues…Incapable de trouver l’expression en anglais ou même en catalan, j´ai donc regardé ma collègue et en rigolant lui ai dit en français « Ah je vois…on ne mélange pas les torchons et les serviettes ». Cette expression l’a fait tellement rire qu’elle me la redit presque à chaque fois maintenant quand on reprend ce fameux ascenseur « les torchons avec les serviettes, ah ah… » ! (c’est ça qui est bien aussi avec les expressions imagées, c’est qu’elles donnent le sourire !).

torchon-serviette

Alors, petite explication sur cette expression, telle que je l’ai donnée à ma collègue-co-voiturienne et co-linguiste ce jour-là : les serviettes sont ces carrés de tissus, jolis et parfois brodés (dans les bonnes familles) que l’on utilise à table pour s’essuyer délicatement la bouche après avoir bu ou mangé. Les torchons, par contre, sont ces vulgaires morceaux de tissus qui servent à essuyer les plats et couverts après avoir fait la vaisselle…Donc confondre torchon et serviette est évidemment une faute de goût et il ne vient à l’esprit de personne de mélanger le grossier avec le distingué…Apparemment l’expression viendrait du fait que les nobles utilisaient des serviettes  de table tandis que leurs domestiques se contentaient des torchons (pour la même fonction, aux repas). Donc quand vous dites « il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes », cela revient à dire « on ne doit pas mélanger les classes sociales »…Notre snobeuse d’ascenseur se sentait serviette et nous prenait pour des torchons, en somme !

Ma collègue a vraiment beaucoup aimé cette expression. Je ne sais plus si on avait finalement trouvé un équivalent en catalan ou anglais, si vous la savez n´hésitez pas à la mettre en commentaire !

petits-cochons-via-wallstock-frJ’en ai profité pour lui expliquer aussi l’autre expression qui m’est venue à l’esprit en même temps « On n’a pas gardé les cochons ensemble » que j´avais expliquée dans cet autre post. Eps ! Pas tant de familiarité, on ne se connaît pas, on ne va pas monter dans le même ascenseur…À propos de cochons, je viens de tomber sur cet excellent quizz si vous voulez tester vos connaissances sur les expressions imagées avec le mot « cochon ».

En fait cette situation un peu cocasse m’avait aussi rappelé un voyage en Russie où j’avais remarqué que les gens ne retenaient pas la porte pour la personne arrivant juste derrière eux et où on m’avait aussi fait ce coup de l’ascenseur dans l’immeuble moscovite où habitait l’amie chez qui je séjournais : j’avais retenu l’ascenseur pour une personne que j’avais entendue arriver mais celle-ci avait préféré appeler le « sien » et ignorer mon geste. Quelle froideur !

Finalement notre « serviette » à Puigcerdà était peut-être russe et il se peut qu’il y ait une dimension culturelle qui nous échappe…car en tout cas c’est la seule et unique fois jusqu´à présent que cela nous arrive…

Expression bonus :

  • switcher : le verbe francisé vient de l’anglais « to switch » et du jargon informatique puisqu’ initialement il s’agissait de passer d’un système opératoire à un autre. Couramment maintenant cela signifie simplement passer d’une chose à une autre et ici d’une langue à l’autre. Je me demande si les Québécois, si peu enclins aux anglicismes, ont inventé un autre terme…

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Mais quel plouc celui-là !

Drôle d’idée que la mienne que d’inaugurer l’année avec les ploucs, certes ! Alors avant toute chose, belle et bonne année à tous les fidèles – et même les infidèles – lecteurs de FrancofiLs ! 🙂 Vous vous demandiez peut-être où j’étais passée après vous avoir laissé en plan* avec quelques gestes depuis le dernier post. En général on se dit que lorsqu’on ne reçoit plus de signe de quelqu’un c’est qu’il ne fait plus rien alors que la raison est peut-être justement qu’il en fait trop : tel est mon cas avec une formation de « gamification » dans l’enseignement de la LE qui ne me laisse guère d’autre loisir que de penser à jouer et aux jeux (évidemment dit comme ça, ça ne fait pas très sérieux…) – et les expressions s’accumulent en petit tas tels de jolis rondins de bois près de la cheminée du blog mais je n’ai plus le temps d’allumer un feu ! Et vous vous gelez les neurones, je sais je sais, désolée…:-(

plouc-1

Mais assez parlé, revenons-en à nos ploucs ! Pourquoi, me diriez-vous ? Parce qu’avant Noël, en préparant un cours pour des étudiants B2 avec lesquels on parlait « tendances », j’ai découvert l’origine du mot et j’ai beaucoup ri car je ne la connaissais pas ! Oui, car figurez-vous que le plouc est d’origine…bretonne !!!

plouc-charlie-hebdoMais qu´est-ce qu’un « plouc » d’abord – pour ceux qui ne le sauraient pas ? Il s’agit d’une personne rustre, aux habitudes paysannes – non raffinées donc – se remarquant par son manque de savoir-vivre et d’élégance. Et le plouc est breton car tel que vous le montrera cette superbe petite vidéo de Karambolage en bas de cet article, le mot a été inspiré par tous ces paysans bretons débarquant à Paris au début du XXème siècle et qui venaient à chaque fois d’un village breton commençant par « Plou » quelque-chose : Plougastel, Ploubazlanec, Plouguerneau, Ploumanac’h, Ploumagoar… »Plou » en breton veut dire « paroisse », donc rien d’étonnant à cette multiplication de toponymes en « plou » ou « plo » ou « pleu ». Bref, c’est ainsi que nos modestes paysans bretons (mes arrières grands-parents paternels, pardi !) sont devenus les ploucs des Parisiens cultivés…qui seraient, à présent, les « bobos » (= bourgeois bohèmes) ou autres hipsters branchés.

plouc2Les synonymes de ploucs sont très amusants à l’oreille = péquenaud, pedzouille, balourd, lourdaud…Mais tout cela est bien péjoratif. Car le plouc est out, pas fin, pataud à souhait ! Ce qui est cocasse du reste c’est que les éternels rivaux et voisins des Bretons – les Normands – ont repris à leur compte le terme « plouc » pour créer ces petites affichettes et auto-collants de « Plouc power ». Peu importe, « Ploucs et fiers de l´être », les Bretons ne se laisseront pas impressionner par l’arrogance de ces « Parisiens têtes de chiens – Parigots têtes de veaux » ! C´est « de bonne guerre »*

Je vous recommande cette vidéo explicative sur le mot « plouc » : Vidéo Karambolage plouc

Impression

Expressions bonus :

  • Laisser en plan quelqu’un = abandonner, négliger quelqu’un, alors qu’on devrait s’en occuper (initialement cela faisait référence aux plants – de plantations).
  • de bonne guerre = loyalement, par un procédé légitime de la part d’un adversaire.

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Classé dans Expressions imagées, Mots à charge culturelle partagée

Un peu de gestuelle…

Isabelle Adjani 2 Isabelle Adjani – actrice française d’origine algérienne par son père et bavaroise par sa mère pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, disait :

« Dès qu’on parle une langue étrangère, les expressions du visage, des mains, le langage du corps changent. On est déjà quelqu’un d’autre. »

C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui quelques petites vidéos pour vous familiariser avec la gestuelle assez typique des Français, associée à quelques expressions courantes ou familières qui vous seront utiles lors de vos prochains échanges (c’est-à-dire, si vous avez perdu le mot ou l’expression, vous pourrez au moins faire le geste ! ;-)) :

  • Gad ElmalehL’humoriste Gad Elmaleh explique à un journaliste américain quelques gestes des Français et la fameuse « tradition » des bises (en anglais avec sous-titres) : Gad Elmaleh explique la gestuelle des Français (je viens de m’apercevoir que je l’avais déjà postée sur FrancofiLs, bon, c’est pas grave vous l’aurez donc en double…)
  • Une autre vidéo, en français cette fois (mais avec des locuteurs au charmant petit accent anglais) illustre bien également ces gestes si répandus : gestes et dialogues

gestes

  • Sur le site de Lucarnefle, on trouve également des fiches pédagogiques à partir d’une publicité amusante d’ Air Liberté où une hôtesse de l’air accompagne par des gestes – comme à l’accoutumé dans l’avion lors des instructions que personne n’écoute vraiment d’ailleurs – des propos hilarants…Puis, il y a un montage avec la gestuelle liée à quelques expressions (vous verrez qu’on retrouve souvent les mêmes d’une vidéo à l’autre) pour bien fixer ces gestes.
  • Si nous avons des lecteurs de FrancoFils anglophones, cette vidéo devrait vous intéresser : il s’agit d’une nouvelle explication, principalement en anglais, où une jeune femme explique assez visuellement et clairement des gestes courants et leurs équivalents linguistiques (en français donc cette fois), tout en faisant quelques comparaisons interculturelles entre nos gestes et ceux des anglais (et vu les résultats de la recherche sur la toile, il semblerait que nos gestes intriguent principalement outre-Manche !), : Gestes français
  • Finalement, si vous voulez réviser les gestes et retrouvez les expressions correspondantes apprises avec les vidéos antérieures, vous pourrez vous entraîner avec cette dernière vidéo : Gestuelle française sans sous-titres

gestuelle française

Voilà, c’est à votre tour maintenant !

Et cet été si vous en avez l’occasion , n’oubliez pas de bien observer vos interlocuteurs et gesticulez allégremment pour communiquer ! 🙂

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Vivre d’amour et d’eau fraîche

Ce n´est pas le printemps, les petits oiseaux et tout le tralalala qui me font aborder les expressions idiomatiques liées à l´amour aujourd’hui. (D´ailleurs il pleut à verse et ça ressemble plutôt à l´automne par ici…). Non, c´est plus stoïquement le programme de 5ème année et la dernière ligne droite de cours qui s´achève sur le thème des relations, des sentiments, de l´amour et du désamour…Alors, n´ayons pas peur, parlons-en et allons voir quelles expressions imagées colorent ce territoire mystérieux et fascinant.

On va commencer par les catastrophes (stratégie pour aller du pessimisme vers l’optimisme…) :

  • Se prendre un râteau : se dit quand quelqu´un est rejeté par la personne qu´il désirait séduire / conquérir. « Alex voulait sortir avec Agathe mais il s´est pris un râteau, elle n’avait pas du tout les mêmes intentions que lui ! ». Ça doit faire mal de se prendre un râteau, métaphoriquement comme littéralement, mais Alex peut se consoler en faisant un brin de jardinage…et il se remettra peut-être à papillonner joyeusement, à butiner de fleur en fleur (= aller d’une histoire à une autre, avec légèreté).

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  • Poser un lapin : Alors là imaginons que ledit Alex ne s´est pas pris de râteau (enfin pas encore…), est sur une bonne piste avec la fille qui lui plaît et après un échange de messages enflammés, ils décident de se donner rendez-vous. Or, la belle, inconstante et indécise, lui pose un lapin. Elle ne vient pas au rendez-vous en d’autres termes. Un peu difficile à justifier à notre époque avec toute la technologie et les systèmes de messagerie dont on dispose mais ça reste possible…avec les indécis.

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  • Se faire larguer : une autre forme passive qui intrigue les étudiants (« se faire+infinitif »), cette expression va donc leur plaire (l´acte en lui-même un peu moins par contre…). « Antoine s´est fait larguer par sa copine ce week-end, elle ne le supportait plus ! ». Évidemment, on peut abandonner la forme passive pour être acteur de cette décision de rupture : « Jeanne a largué Antoine ce week-end, elle en avait trop marre ! ». Mais la personne quittée a parfois cette sensation de dénigrement obscur qui relègue son estime de soi à 3000 lieues sous terre… ; cela me rappelle une amie, pourtant vraiment charmante et adorable, qui un jour me racontait ses malheurs avec un garçon dont elle était tombée amoureuse et avec qui elle avait eu une brève histoire, et qui avait terminé son récit par ces mots : « Enfin bref, total, il est parti et je me suis fait jeter comme une vieille chaussette« . Et moi, riant de l´expression au lieu d´empathiser (la super copine…! Bon, on avait 24-25 ans et on en avait vu d’autres…) et finissant par lui dire « Allez, viens là ma vieille chaussette, je vais essayer de te recoudre ! ».

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    image-blog-Belzaran

    Au passage, l´expression « Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s ! » peut aider à raccommoder les « vieilles chaussettes »…! 😉 Même si je l’ai toujours trouvé un peu cynique ce dicton (car si on est vraiment amoureux/se, on ne peut pas imaginer que la seule personne qui compte vraiment à nos yeux puisse être remplacée par 10 autres potentiels amoureux) mais ça c’est une question de point de vue (et de degré de relation, sentiments…). J´avoue être plus du côté de Lamartine et de son « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »…

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    image-Sarah-Stymans

  • Casser : « Pierre et Marie ont cassé« . Mot familier équivalent à « rompre », « se quitter », « se séparer ».  Sauf que dans ces derniers verbes il y a là encore une volonté assumée « Ils ont rompu, ils se sont séparés, se sont quittés… », alors que la curiosité avec le verbe « casser », c´est qu´on a envie de demander « Mais ils ont cassé quoi ? » Et bien…leur relation, leur histoire. Enfin après, vous pouvez aussi « vous casser » (« Bon j’me casse, j´en peux plus » = « je pars » ; « Casse-toi de là ! » = « Va t´en ! ») ou encore tout casser chez vous – en général dans la cuisine – si vous faites…

scene-ménage

  • une scène de ménage ! la bonne scène de ménage à l´italienne où les assiettes volent et les verres se brisent contre les murs (on ne voit ça que dans les films j´espère !). « Mon Dieu, Antoinette a encore fait une scène à Gérard parce qu´il est rentré à 3 heures du matin sans explication ». Remarquez cette contradiction : on dit facilement « le vase s´est cassé » (comme s´il s´était cassé tout seul comme un grand) tandis que deux personnes « cassent ». On ne précise pas que dans cette rupture, ils se cassent peut-être un peu eux-mêmes alors que l´on admet facilement qu´après autant de mésaventures….
  • on a le coeur brisé : « Apolline a le coeur brisé, son amant l´a quittée pour une autre, plus jeune, plus jolie… », « il lui a brisé le coeur en lui disant qu´il ne l´aimait plus ».

coeur-brisé

C´est triste mes histoires, ça se voit qu´il pleut, revenons au début alors ou aux événements joyeux de l´amour :

  • Avoir un coup de foudre : littéralement « être touché par la foudre », se dit lorsque l´on tombe amoureux/se au premier regard, à la première rencontre. « Dès que Max a aperçu Julie dans l’avion, il s´est senti chavirer, il a eu un véritable coup de foudre » ou, plus poétiquement, citons  Racine :
    « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
    Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
    Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
    Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
    Je reconnus Vénus et ses feux redoutables (…) »

    (Avouez que Phèdre, ça a plus de « gueule » que mon histoire d´avion…)

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    image-sur-TV5monde

  • Toujours dans le domaine « électrique », on peut – de façon un peu moins radicale et puissante, « flasher » sur quelqu´un. Cela traduit aussi l´immédiateté de l´émotion « Ils se sont rencontrés dans une soirée, il a tout de suite flashé sur elle » mais dans ce cas c’est plutôt le fait que la personne vous plaît de façon instantanée, que vous avez comme une illumination mais c´est peut-être plus de l’ordre du désir alors que le coup de foudre implique de tomber amoureux presque irrémédiablement. En gros, on peut flasher puis « déflasher » un peu plus tard alors qu´avec la foudre on a un peu plus de mal à se relever quand-même….
  • J´en profite pour préciser qu´en France on « tombe amoureux » tandis qu´au Québec on « tombe en amour », ça nous touche beaucoup cette expression (alors qu´elle est l’équivalente de l’anglais finalement). Enfin dans tous les cas « on tombe », ça suppose donc que ça fait un peu mal…De la même façon, on dit : « elle est tombée enceinte de son premier enfant à 23 ans » par exemple, comme s´il s´agissait d´un pur hasard, ce qui est un peu comique quand-même de nos jours…
  • Taper dans l´oeil de quelqu’ un : Ça aussi ça a l´air de faire mal dit comme ça mais quand vous avez tapé dans l’oeil de quelqu´un, c´est que vous lui plaisez beaucoup, qu´il/elle a flashé sur vous et a du mal à penser à autre chose.
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Toutes les expressions qui suivent ont le même sens :

  • Avoir le béguin pour quelqu´un, avoir un faible, en pincer pour quelqu´un : elles traduisent  toutes une attirance envers quelqu´un, cela peut être passager (le printemps…), cela peut être le début d’une histoire tout simplement…et cela peut ne pas être réciproque aussi malheureusement. « Paul n’arrête pas de tourner autour d’Aya, il a un faible pour elle, c´est évident ! »  ; « T´en pinces pour ce mec, hein ?  » – « Oui mais il est déjà pris ! »

béguin

  • Ah, l´expression « il est pris », « elle est prise », il faut peut-être aussi en dire un mot : quand quelqu´un est déjà engagé dans une relation et donc, supposément, « non disponible ». On peut dire aussi « Elle est casée », « il est maqué » dans le langage familier. « Maqué(e) » est horrible d´ailleurs quand on se penche sur l´origine de ce mot argotique puisque cela vient de la relation « souteneur/prostituée ». Quant à « casé(e) » ou « se caser avec quelqu’un », ce n’est pas très exaltant non plus car j´imagine que cela signifie « se mettre dans une case » ou cocher la case « se mettre en couple » en somme. Bof…

Allons dans les extrêmes, le romantisme pour se donner du baume au coeur :

  • Être fou amoureux, folle amoureuse de quelqu´un : « L´amour rend aveugle » dit le proverbe et peut mener aussi à une forme de folie. Quand vous êtes fou amoureux, c’est que vous l’êtes passionnément, folie ou non. On n´est pas tièdes dans l´amour…
  • Vivre d’amour et d´eau fraîche : se dit quand le monde matériel n´a plus aucune importance pour vous du moment que l’amour remplit votre vie. Vous vivez de peu donc (pas de quoi célébrer votre euphorie au champagne, l’eau fraîche de la rivière suffit !).

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  • Filer le parfait amour : voilà, rien à redire, on est sur la note optimiste finale quand tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles 🙂 Vous avez trouvé votre âme soeur, votre moitié d’orange et vous vivez heureux.

Bon pour aujourd´hui, même s´il y a encore beaucoup d´expressions, je crois que ça sera tout ! La pluie n´a pas cessé, il y a largement de quoi vivre d´amour et de pluie fraîche en ce printemps peu clément mais au moins nous aurons les mots pour le dire…Et je termine par une image avec quelques expressions francophones sur le sujet que je trouve très jolies comme « avoir un kick » au Québec (=avoir le béguin pour qqn) …Car l´amour se décline sous tous les horizons et toutes les formes et c´est tant mieux !

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Cucul la praline

Livres jeunesse de Fanny Joly et Ronan Badel

Livres jeunesse de Fanny Joly et Ronan Badel

L´autre jour, je cherchais un mot dans le dictionnaire en classe et j´ai été amusée et surprise d´y voir le mot « cucul ». Je me suis souvenue alors de l’expression « cucul la praline » et je me suis mise à imaginer une réunion d’académiciens très sérieux en plein débat sur l’intégration du mot « cucul » dans le dictionnaire et de l´expression « cucul la praline ».

« Tu as aimé ce film ? – Oh non c´est cucul, trop à l´eau de rose pour moi ! » – « Ce chanteur pour ados gagne plein de fric, mais alors qu´est-ce que c´est cucul la praline les paroles de ses chansons !!! »

Quelque chose qui est « cucul » c´est quelque chose qui est niais, un peu ridicule, naïf, de bons sentiments rose bonbon…Le mot vient du redoublement hypocoristique de « cul » – procédé typique pour ridiculiser quelque chose que l´on méprise,  et est parfois orthographié « cucu ». Le mot « cucul » serait apparu pendant le soulèvement de Paris mais on ne connaît pas exactement l’origine de l´expression ni la raison pour laquelle on lui ajoute « la praline » qui est un bonbon au chocolat chez les Belges et une amande caramélisée pour les Français. Bon, cela renforce l´idée de quelque chose de très « doux », édulcoré. Quand c´est cucul, c´est « bébête », quoi ! Ça me fait penser que j´ai toujours du mal à expliquer aux étudiants ce que veut dire « niais », « gnan-gnan », sans passer par les traductions (« ñoño », « cursi »). Ça me fait penser aussi que les Espagnols ont aussi, se référant à cette partie du corps, l´expression « tonto del culo », même si c´est un peu plus fort que quelqu´un qui est juste, naïvement, « cucul la praline ».

Et puis j´ai découvert, en faisant quelques recherches sur l´expression, qu´il y avait une petite héroïne en littérature infantile qui était surnommée « cucul la praline » (pauvre bichette !) et qu´on pouvait même obtenir le diplôme de la fille la plus… cucul la praline !!! Qu´on se le dise…! Bon, je ne suis pas sûre que mes étudiant(e)s soient très intéressés par cette distinction…

700-430091-Diplome+de+la+Fille+La+Plus+Cucul+La+Praline

En tout cas, écrire ce billet – et le lire aussi j´espère – reste une façon de mourir moins bébête ce soir, moins cucul…;-)

 

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